Découverte de l’ethnie Akha et de sa coiffe traditionnelle
L’ethnie Akha est l’une des tribus montagnardes les plus pauvres et les moins développées d’Asie du Sud-Est. Cependant, elle figure parmi les ethnies les plus connues et emblématiques chez les voyageurs. Cette tribu est célèbre non seulement pour sa culture distinctive mais aussi pour ses beaux costumes traditionnels féminins, notamment sa coiffe distinctive. Mais bien plus qu’un accessoire esthétique, la coiffe revêt une signification bien plus ancrée dans la culture des Akha.
La coiffe, un symbole de l’ethnie Akha
Les Akhas sont principalement installées dans les régions montagneuses du Triangle d’Or, comprenant les provinces frontalières du Laos, de la Thaïlande et de la Birmanie. Ils ont connu une longue histoire migratoire du Tibet à la Birmanie et puis de la région du Yunnan en Chine, vers le nord de Thaïlande et le nord-ouest de Laos. Les Akha constituent l’un des groupes ethniques les plus diversifiés d’Asie du Sud-Est, se composant de plusieurs sous-groupes. Chaque sous-groupe peut être identifié selon sa géographie, sa généalogie et ses vêtements, jusque dans les moindres détails tels que sa couleur et ses broderies. Bien qu’il s’agisse de l’une des ethnies les plus pauvres du pays, vivant à l’écart du monde extérieur dans les régions les plus reculées, leur costume traditionnel est considéré comme l’un des plus impressionnants et élaborés.
Jim Goodman a écrit dans son récit Meet the Akhas (1996) :
« Dans la conception traditionnelle des Akha, l’art est quelque chose que l’on porte. Pour un Akha, l’art est la parure de la vie quotidienne. Porter un vêtement c’est faire une déclaration à la fois ethnique, personnelle et esthétique. »
En effet, les femmes Akha portent leur costume traditionnel et surtout leur coiffe tous les jours, tout en travaillant et même en dormant. Cette coiffe, pesant jusqu’à 5kg, semble être encombrante mais elle fait vraiment partie de leur identité et en a fait l’un des groupes ethniques les plus reconnaissables et emblématiques d’Asie du Sud-Est. Les Akha, très pieux, croient que cette coiffe représente un objet sacré les protégeant des mauvais esprits.
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Celle-ci indique également leur état matrimonial et leur appartenance géographique et ethnique. Une coiffe est composée de près de 10 articles différents et de nombreuses pièces d’argents. Ainsi, sa fabrication peut prendre beaucoup de temps, à savoir une dizaine d’années, généralement dès le plus jeune âge et jusqu’à l’âge adulte.
La fabrication de la coiffe chez les Akha du Laos
Dès son enfance, les filles Akha portent une coiffe en tissu brodée et ornée de glands. Au fur et à mesure que la petite fille grandit, des franges et des glands colorés sont ajoutés. À l’âge de 12 ans, la coiffe de petite fille est remplacée par celle de la jeune fille. De là, elle commence à collecter des pièces d’argents et des objets décoratifs jusqu’à sa majorité où elle est autorisée à porter la coiffe adulte élaborée à partir des objets d’ornement qu’elle a collecté au fil des années.
Les coiffes traditionnelles sont décorées par leur propriétaire et chacune est unique. Elles sont généralement ornées de fils de perles, de plumes de poulet et parfois de cauris qui étaient traditionnellement échangés avec diverses tribus de la région et sont devenus un symbole de prospérité. Les pièces d’argent plus précisément sont très prisées et sont les détails les plus accentués de la coiffe. Les anciennes pièces d’argents coloniales telles que la piastre indochinoise ou les roupies d’Inde Britannique sont les plus collectées car elles affichent la richesse et le statut de son propriétaire.
Le fait de collecter la monnaie coloniale vient du fait que les propriétaires fonciers payaient autrefois les femmes tribales en pièces de monnaies obsolètes plutôt qu’en monnaie utilisable. Les femmes les utilisaient alors pour créer leur coiffe, rendant ces pièces inutiles très précieuses. Ainsi, certains disent qu’une femme Akha porte tous les biens que possède sa famille. Plus la famille est riche, plus la coiffe est lourde et sophistiquée. Les pauvres, quant à eux, utilisent des pièces thaïlandaises ou des détails en argent qui furent pilés et façonnés en forme de pièce de monnaie. Ces ornements précieux deviennent donc des héritages transmis de génération en génération. Les plus belles coiffes sont aujourd’hui conservées et trouvées dans la région de Kengtung à l’est de Birmanie ou dans les régions frontalières du Laos telles que Luang Namtha, Oudomxay et Phongsali.
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