Un petit garçon au visage maquillé, resplendissant avec sa couronne, habillé comme un petit prince et perché sur un trône richement décoré tiré par un cheval conduit par un groupe d’adultes s’avance devant la foule. Suivi par des porteurs de parasol, des porteurs d’offrande et des membres de sa famille, ce garçon est en train de passer le Shinbyu, la plus grande cérémonie de sa vie – le début d’un voyage dédié au bouddhisme. En Birmanie, considéré comme le pays le plus bouddhiste du monde, le Shinbyu, ou Shinpyu, est un rite de passage qu’est censé faire tout homme à son adolescence. Cette tradition du bouddhisme theravada consiste en une célébration marquant l’ordination en tant que moine novice pour les garçons de moins de 20 ans.
Shinbyu, une cérémonie initiatique vers la spiritualité
En effet, il est de coutume que les Birmans entrent dès leur enfance dans un monastère bouddhiste pour apprendre les écrits bouddhiques, rejoindre le sangha – la communauté religieuse et s’immerger dans les enseignements de Bouddha. Pour les enfants pauvres, il s’agit du seul accès à l’éducation et à l’enseignement gratuit. Un garçon peut devenir novice plusieurs fois et peut repartir à la vie civile dès qu’il le désire. De fait, les Birmans en réalisent généralement trois, car ce chiffre porte bonheur. Ils effectuent généralement le noviciat pour une courte période, pas plus d’une semaine, cependant, beaucoup d’entre eux y restent pendant des années. Pour l’engagement définitif, il y aura une autre grande cérémonie après l’âge de 20 ans, appelée l’ordination d’Upasampada, dans laquelle le garçon devient un moine pleinement ordonné.
D’ailleurs, les bouddhistes Birmans croient que les parents n’iront pas en enfer après leur mort si leurs fils sont entrés au noviciat. Ceux qui n’ont pas de fils vont adopter un garçon orphelin ou un garçon d’une famille pauvre afin de recevoir ce grand mérite. D’autre part, pour les novices, passer du temps dans un monastère est considéré comme le meilleur cadeau religieux que ses parents puissent leur donner car il est censé avoir un effet durable sur sa vie. Durant leur période de noviciat, les garçons sont respectés par tous et considérés comme des hommes ayant une vie plus noble.
Une cérémonie de Shinbyu est généralement coûteuse et financée soit sur les fonds privés de la famille épargnés pendant des années, soit par les dons de riches membres de la communauté religieuse. Elle se tient généralement pendant les vacances d’été, à savoir de mars à avril, et coïncide parfois avec le nouvel an Thingyan.
Comment se déroule le Shinbyu ?
Le défilé des princes lors de la cérémonie de Shinbyu
Le Shinbyu commence avec une cérémonie et une parade, durant laquelle les garçons sont menés, en cortège, à travers la ville jusqu’au monastère. Les garçons aux visages bien maquillés sont vêtus de bijoux et de vêtements de soie magnifiquement brodés d’or qui lui donne des airs de prince. Bien à l’ombre sous les parasols, ils sont perchés sur un trône d’or ou montent des chevaux conduits par un orchestre jouant de la musique et dansant joyeusement. Derrière eux suivent les membres de leurs familles qui sont chargés de porter le bol de l’aumône, l’éventail en feuille de palmier, la soutane de moine et les fleurs de lotus – ceux qui seront utilisés par le moine lors de son noviciat.
En fait, ce rite est inspiré par le « Grand Départ ». Il s’agit de l’histoire du jeune prince Siddhârtha Gautama, le futur Bouddha, il y a 2500 ans. Destiné à une vie royale, Siddhârtha était élevé dans la richesse et la sécurité de son palais royal. Cependant, hors des murailles du château régnait toujours la pauvreté, l’inégalité et la violence. Afin de sauver son pays de la misère, le prince monta son cheval favori et abonna sa richesse pour rechercher des Quatre Nobles Vérités, les enseignements fondamentaux qui le menèrent par la suite à devenir Bouddha.
La cérémonie d’initiation au noviciat
La procession s’arrête au monastère où les moines sont assemblés pour présider la cérémonie et recevoir des aumônes et des offrandes. Les familles ont déjà préparé un festin pour tous les villageois avec des tables rondes basses chargées de mets traditionnels tels que la soupe au curry, le poisson salé au curry, le lahpet thoke, etc. Les garçons, qui sont sur le point d’entrer dans la nouvelle phase de leur vie spirituelle, deviennent le centre d’attention. Les membres de la famille font leurs adieux avec des sourires et des larmes, à l’idée de se séparer de leurs petits fils pour la première fois.
Après la cérémonie qui leur confère le statut de novice, les garçons sont dépouillés de leurs costumes colorés et revêtent ensuite une longue robe blanche. Leurs cheveux seront rasés et reçus dans un tissu blanc, symbolisant le détachement des plaisirs du monde, par les parents s’agenouillant. Une fois que les anciens moines effectuent les prières, les novices reçoivent la soutane bordeaux et un moine les aide à la porter. Ils reçoivent ensuite le bol d’aumône et l’éventail de leurs parents. À partir de ce moment, les garçons n’auront plus rien en leur possession.
Les nouveaux novices
En tant que novices, les garçons acquièrent un nouveau nom du Dharma en langue pali, basé traditionnellement sur le système de l’astrologie. D’ailleurs, ils doivent effectuer des rituels quotidiens comme les moines. Chaque jour, ils se lèvent avant l’aube et marchent en files, pieds nus dans les villages en quêtant l’aumône. Ils ne mangent que deux repas par jour, le dernier est avant midi, et jeûnent de midi à l’aube du lendemain. Surtout, les novices apprendront les écritures, les enseignements de Bouddha et la méditation. Ces pratiques sont considérées comme une petite imitation de ce que le prince Siddhârtha avait fait des centaines d’années auparavant lorsqu’il avait quitté les plaisirs du monde à la recherche de l’illumination spirituelle.
Une fois que les moines portent la soutane, même les rois s’agenouillent devant eux. Ainsi, lorsque les novices sont déjà à l’intérieur du monastère, leurs parents doivent rendent hommage à leurs fils, qui détiennent un échelon supérieur, ainsi qu’aux vénérables moines. Aucune manifestation d’affection physique ne peut désormais être considérée comme appropriée jusqu’à ce qu’ils quittent le monastère. En effet, devenir moine signifie de respecter des centaines de règles dans lesquelles le vol, le meurtre ou les rapports sexuels entraînent une expulsion immédiate.
On croit que ceux qui finissent leur période de noviciat peuvent apporter un bon karma à toute leur famille. Par conséquent, le Shinbyu est considéré comme le rituel le plus important d’une personne qui cultive sa moralité dès son enfance. Cette cérémonie est aussi un spectacle culturel unique en Birmanie, où le bouddhisme est profondément imprégné dans l’esprit de la population.
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