Une exploration du Laos avec Jessica Valoise
De villages perdus au cœur des montagnes en rencontres exceptionnelles dans un des pays les plus spirituels d’Asie du sud-est, Jessica Valoise nous emmène pour une expédition du Laos. À travers l’objectif de cette artiste de 29 ans, le Laos se trouvé sublimé, sous un angle encore inexploré.
Pouvez-vous vous présenter et votre site en quelques mots ?
Je m’appelle Jessica, j’ai 29 ans et je suis artiste multi-disciplinaire dans les arts visuels. Je suis originaire de région parisienne mais je vis à Montréal, et je suis en déplacement environ la moitié de l’année.
Mon site journal.jessicavaloise.com est présenté comme un livre en ligne. J’y publie mes explorations autour du monde par des journaux de voyage, mais aussi mes explorations de la société par des réflexions sur des sujets du quotidien.
Comment avez-vous fait le choix du Laos pour votre voyage ?
J’ai participé à un appel à candidature de l’OBNL Village Monde qui recherchait dix nouveaux explorateurs pour 2017. Dans ma candidature j’ai sélectionné parmi les destinations proposée toutes celles qui étaient francophones ou anglophones, ne parlant pas un mot d’espagnol. Et donc ma candidature a été retenue et ils m’ont attribué le Laos.
Ce qui est drôle c’est qu’avant ça, quand je choisissais les pays que je voulais visiter, instinctivement je ne regardais que les pays côtiers, jamais les pays « au milieu », surement à cause de mon attrait pour la mer. Et le Laos m’a complètement fait changer de vision là-dessus, il est le troisième pays qui m’a vraiment dépaysé, après le Kenya et l’Inde.
Quel est votre meilleur souvenir lors de votre voyage au Laos ?
Le riz collant et la soupe de riz.
Mais sinon, le dernier jour de mon séjour au village de Captain Hook, il y a eu une cérémonie, et je me suis faite réveillée par les cris d’un cochon qui se faisait égorger juste aux pieds de ma hutte. C’était vraiment difficile et j’avais du mal à me sortir le bruit de la tête. En début d’après-midi, quand je suis partie en scooter pour Paksé, je vois sur le bord de la route une vache, avec quelque chose de bizarre qui sort de ses fesses, quelque chose qui ne ressemblait pas à une bouse quoi. Et en fait je réalise qu’elle est en train d’accoucher! Donc je m’arrête de l’autre côté de la route pour ne pas la déranger et je regarde le petit miracle qui est en train de se passer, jusqu’à ce que le veau sorte! Ça été super rapide! Le truc, c’est que la vache était attachée et qu’elle a expulsé son veau trop loin! Du coup, elle ne pouvait pas l’atteindre et je la voyais en train de s’agiter, de commencer à meugler, et tout. Alors j’y suis allée et je l’ai décrochée. Elle a commencé à lécher son veau qui a mis environ quinze minutes avant de réussir à tenir debout, puis il a poussé son premier meuglement et je suis partie. C’était la première fois que j’assistais à ça et c’était super émouvant.
Quelle est la plus belle photo que vous ayez prise au Laos? Pouvez-nous expliquer le contexte de ce cliché ?
J’aime beaucoup cette photo. D’un point de vue purement technique elle aurait pu être meilleure avec un objectif grand angle plutôt qu’un 50mm, qui aurait vraiment témoigné de la profondeur plutôt que de la raccourcir. Mais j’aime beaucoup cette photo. On était sur la route de Luang Prabang à Vang Vieng, et en fait, sur les routes, dans tout le nord du Laos, c’est ça : des montagnes à perte de vue, une seule route qui les traverse, presque personne dessus. C’est juste incroyable. Et là on était arrêté à une petite station / supérette / maison des commerçants pour faire une courte pause, et on avait cette vue autant hypnotisante que vertigineuse.
Quel site / lieu fut un coup de cœur pour vous au Laos ? Pourquoi ?
Le village de Captain Hook dans le sud du Laos, sur la plateau de Bolavens. C’est un petit village d’environ sept-cent habitants, dont la plupart ne sont jamais sortis du village. Ils vivent selon les anciennes traditions, c’est-à-dire qu’ils sont animistes, qu’ils n’ont pas le droit de sortir du village sous peine d’être bannis, que les mariages sont arrangés, que les hommes peuvent avoir jusqu’à cinq femmes, que les femmes doivent accoucher seules dans la forêt et revenir uniquement si l’enfant est viable… Certaines choses sont en train de changer (pas forcément pour le meilleur), avec la nouvelle génération des 15 – 20 ans et l’accès à la télévision, mais en gros, c’est ça, des années de non remise en question de son système de fonctionnement. Et j’ai trouvé ça vraiment intéressant, j’ai d’ailleurs tourné un documentaire qui est en cours de montage actuellement.
Quelle est la plus belle rencontre que vous ayez faite au Laos ?
Dans ce même village, Captain Hook, dont le vrai nom est Ook, et sa petite soeur et son meilleur ami. J’ai passé mes journées avec eux deux, ils avaient autour de 18 ans et allaient à l’école (peu de personnes du village sont scolarisées car il faut de l’argent pour acheter les uniformes, les livres, etc, et c’est d’ailleurs une des motivations de Ook dans l’ouverture de sa guesthouse, pouvoir participer à ces frais). Bref. Donc j’ai passé mes journées avec eux, ils m’ont fait visiter leur village, les endroits où ils aiment chiller, les jeux auxquels ils jouent. Ils me confiaient leur vision sur les traditions et les croyances du village, sur l’avenir, leur avenir… on était vraiment entre nous, et c’était des moments forts en fait.
Avez-vous une anecdote lors de votre voyage au Laos à nous raconter ?
En me promenant dans Luang Prabang, je vois des jeunes moines bouddhistes devant leur temple, en train de faire des selfies avec leurs téléphones. Je reste plantée là, un peu surprise… genre un peu inculte « ils ont des téléphones?! ». Ils me voient et me demandent de venir les rejoindre, pour les prendre en photo, avec leurs téléphones puis avec mon appareil photo. Ensuite l’un d’eux me demande si j’ai Facebook, encore une fois surprise, il veut qu’on devienne amis. Ok… Puis le soir on discute sur Facebook, et il me dit qu’il se sent perdu, en plein dilemme, et me demande des conseils pour trouver sa voie! Ça a pas mal bousculé toutes les idées préconçues que je pouvais avoir.
Quelle(s) impression(s) gardez-vous de votre voyage au Laos ?
C’est un pays calme, lent, les gens ne sont pas stressés, ils ne crient pas, c’est très sécuritaire pour une femme qui voyage seule… Les gens sont généralement timides et réservés, mais très serviables. C’est agréable de pouvoir voyager sereinement comme ça.
C’est un pays qui m’a aussi bousculé dans pas mal de croyances, comme par exemple cette rencontre avec les moines ou le village de Captain Hook. Aussi, la politique tient à l’entrepreneuriat local, évite les gros lobbys américains notamment, et c’est intéressant de voir comment un pays s’organise avec ça, au-delà de notre vision chez nous de la seule bonne et valable démocratie.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un voyageur qui se prépare à partir au Laos ?
Pour vraiment bien profiter en toute liberté des paysages à couper le souffle, c’est de louer ou acheter un scooter et de visiter le pays comme ça.
La nourriture est VRAIMENT meilleure dans les petits restaurants qui ne payent pas de mine, mais ça c’est pas mal valable partout, il faut aller là où les locaux vont.
Dès qu’on va dans les villages, peu de personnes, voir personne ne parlent anglais, donc prévoir des images des choses élémentaires, idéalement voyager avec un traducteur.
Puis d’être patient, observer et s’adapter – finalement comme pour n’importe quel pays.
Quel objet emportez-vous toujours lorsque vous partez en voyage ?
Mon appareil photo. Et Simba.
Un dernier mot ?
Merci de m’avoir reçu sur votre site!
Et pour en savoir plus sur Jessica Valoise, ses oeuvres, ses récits et son univers, c’est par ici :
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