Le Thiên Tông : La méditation vietnamienne
Originaire d’Inde, le bouddhisme s’est étendu à de nombreux pays asiatiques, dont le Vietnam. Introduit au Vietnam depuis le IIe siècle, le bouddhisme exerçait une grande influence dans le pays avec pour objectif principal d’atteindre l’éveil spirituel. Quelle que soit sa pratique, la méditation constitue le moyen ultime et le plus efficace pour se diriger vers la réalisation. Lorsque l’on parle de méditation, on connaît le zen du Japon ou le chan de la Chine. Mais y a-t-il quelque chose d’unique dans la pratique de la méditation au Vietnam ? Plongeons-nous dans le Thiền ou la méditation vietnamienne.
L’histoire de la méditation vietnamienne
En effet, la méditation vietnamienne, appelée Thiên Tông, est une branche du bouddhisme Mahayana prônant principalement la méditation comme voie de la connaissance et de la sagesse. La méditation fut introduite au Vietnam en 580 de notre ère par le moine indien Vinitaruci. Plus tard, sous l’influence du taoïsme, les autres écoles de méditation sont apparues au Vietnam telles que l’école du moine chinois Wu Yantong et l’école de Thao Duong sous le règne du roi Ly Thanh Tong au XIe siècle. Jusqu’à la dynastie de Tran au XIIIe siècle, le roi bouddhiste Tran Nhan Tong unifia ces trois écoles chinoises et indiennes et créa une nouvelle école native du Vietnam, appelée Truc Lam (forêt de bambous), dans la forêt de Yen Tu en 1299. Le mont de Yen Tu, situé dans la province de Quang Ninh, est donc considéré comme le berceau de la méditation vietnamienne.
Étant donné que le Thiên était étroitement associé à la dynastie de Tran, une fois cette dynastie disparue, cette école méditative a connu un fort déclin. L’école Truc Lam tomba finalement dans l’oubli après la chute de la dynastie Tran au XVe siècle. Malgré les efforts pour restaurer cette école et l’introduction de la nouvelle école Linji au Vietnam au XIXe siècle, le Thien Tong n’est pas parvenu à retrouver son éclat d’antan. Durant la période coloniale, la méditation vietnamienne était encore marginale. Mais au milieu du XXème siècle, cette pratique a connu une renaissance remarquable. À la suite de plusieurs tentatives pour faire revivre le Thien Tong, le maître Thich Thanh Tu réussis a su relever cette école méditative au Vietnam, en particulier celle de Truc Lam. Il a construit le premier monastère sur le mont Yen Tu pour relier le sens de cette école à son origine, ce qui fut également partie de ses objectifs de renforcer l’impact de sa propagation bouddhique dans le pays.
La pratique de la méditation vietnamienne
L’école méditative Truc Lam figure aujourd’hui parmi les écoles méditatives les plus pratiquées au Vietnam. Après plus de 700 ans de développement, cette école met l’accent sur la concentration intérieure et donc par extension : la vraie paix intérieure de chacun. Croyant que tout le monde avait de Bouddha dans leur cœur, le roi Tran Nhan Tong encourageait les gens à s’améliorer, à se tenir à l’écart des activités inhumaines, à se diriger vers des actes de bienfaisance et à être les maîtres de leur vie. En suivant ces recommandations, les gens seraient en mesure de ramener leur âme en paix et de transformer leur vie en Nirvana, un état éclairé dans lequel les feux de la cupidité, de la haine et de l’ignorance ont été éteints. D’ailleurs, comme le bouddhisme est lié à la nation et à la vie sociale, l’école Truc Lam caractérise l’harmonie entre vies religieuse et laïque.
En pratiquant la méditation, les gens doivent se concentrer dans le moment présent en prêtant attention à leur respiration afin de passer leur esprit errant dans un état pacifique. Ainsi, les pratiquants peuvent se purifier et comprendre ce qu’ils devraient abandonner et ce qu’ils devraient suivre, les rendant maîtres de leur succès ou de leur échec. Cela peut sembler une tâche simple, pourtant cet art de vider son esprit et de se concentrer sur le présent sont difficiles et peuvent prendre du temps à maîtriser.
>>> Découvrir d’autres monastères bouddhistes hors du commun en Birmanie
Où méditer au Vietnam et en France ?
Si vous voulez aller en profondeur et découvrir cette pratique de manière fondamentale, méditer dans les monastères de zen constituera sans aucun doute une expérience significative. Situés à l’écart de la vie trépidante, sur les hautes montagnes et entourés de vastes forêts, les monastères sont les endroits les plus paisibles pour pratiquer la méditation. Le complexe de Yen Tu dans la province de Quang Ninh est considéré comme le site le plus sacré des pèlerins bouddhistes où la dynastie Tran construisait un ensemble de temples, pagodes et monastères pittoresques. Faisant partie du complexe, le monastère de Truc Lam Yen Tu, où le courant du zen Truc Lam fut inventé, constitue le sanctuaire des pratiquants de la méditation vietnamienne.
Avec celui de Tay Thien (Vinh Phuc) et de Da Lat, ces trois monastères sont les plus grands qui suivent le courant de l’école Truc Lam. D’ailleurs, il existe de nombreux beaux monastères du nord au sud du Vietnam, parmi lesquels on peut compter le monastère de Bach Ma (Hue), Quang Duc (Saigon), Sung Phuc (Hanoi), etc. Les monastères ne sont pas seulement un endroit idéal pour mener une vie religieuse et étudier la méditation mais aussi une magnifique destination touristique lors de votre voyage au Vietnam.
Situé dans le sud de la France, le village de Pruniers est un grand centre bouddhique du Vietnam où il est possible de pratiquer la méditation vietnamienne. Dirigé par le Maître zen Thich Nhat Hanh et la Sœur Chan Khong, le village de Pruniers offre des retraites de méditation de pleine conscience ainsi que des opportunités d’apprécier une vie lente et paisible au cœur des forêts pittoresques de 1250 pruniers.
Il se compose de trois hameaux : un pour les moines et hommes laïcs, et deux pour les nonnes et femmes laïques. Les hommes seuls doivent s’inscrire au Hameau du Haut (pagode de Phap Van) et les femmes seules soit au Hameau du Bas (pagode de Cam Lo) soit au Hameau Nouveau (pagode de Tu Nghiem). Les couples et les familles peuvent s’inscrire dans tous les hameaux. Une séance de méditation dure pendant une semaine ou plus, durant laquelle les pratiquants apprennent à intégrer la pleine conscience dans toutes les activités quotidiennes. On pratique la méditation tout au long de la journée en mangeant de nourriture végétale, marchant, effectuant des travaux communautaires ou appréciant tout simplement une tasse de thé ensemble.
Répondre
Se joindre à la discussion ?Vous êtes libre de contribuer !