Le kalaga, une tapisserie brodée traditionnelle de Birmanie

Le kalaga, un pilier de l’artisanat de Birmanie

La Birmanie abrite l’un des patrimoines artisanaux les plus fins d’Asie du Sud-Est qui remonte à plus de mille ans, le kalaga. De nombreux art ont fleuri dans le passé et beaucoup d’entre eux existent encore aujourd’hui et sont largement pratiqués. Lorsque l’on parle d’art et des métiers ancestraux birmans, on pense à l’expression « pan sel myo », littéralement « les dix fleurs », désignant les dix formes d’arts traditionnels apparus à l’époque de Bagan au IXe siècle. Utilisées pour la décoration des pagodes et la confection des costumes royaux, ces formes d’art sont le forgeage, la sculpture sur pierre, la laque, la peinture, la maçonnerie, la sculpture sur stuc, la sculpture sur bois, la fonte du bronze, la fabrication d’objets en bois sur un tour et l’orfèvrerie.

Une tapisserie kalaga, typique de l'artisanat Birman

Ce dernier art est largement utilisé dans les palais royaux, de la construction à la décoration des vêtements en passant l’ornement des palais. Étant inclus dans l’orfèvrerie, la technique de broderie d’or, connue sous le nom birman de « shwe-chi-hto », fut principalement pratiquée dans la confection des costumes et notamment du kalaga, un symbole de la prospérité royale. Celui-ci est le nom traditionnel des tapisseries brodées et ornées entièrement à la main à partir de fils d’or et de perles précieuses. Bref, la Birmanie dispose d’une identité culturelle forte, du cheroot au thanaka. Mais aujourd’hui, on vous parle de cet artisanat d’exception qu’est le kalaga.

 

Un voyage dans le monde du kalaga

Son centre de fabrication était et est toujours l’ancienne capitale royale : Mandalay, connue comme le berceau de l’art et de l’artisanat de la Birmanie. Les kalagas se développèrent pendant la dynastie de Konbaung du XIXe siècle et atteignirent leur zénith pendant le règne de Mindon Min. Sa fabrication nécessite une grande habilité, un sens esthétique et beaucoup de patience pour créer une variété d’images et de motifs délicats et détaillés.

Les tapisseries brodées s'inspirent d'épopées hindoues

On emploie généralement une toile noire ou blanche tirée sur le cadre pour la broderie. Les dessins souhaités sont d’abord esquissés sur la toile à la craie. Les dessins illustrés sur les kalagas ont une sorte de signification religieuse et sont inspirés par des histoires anciennes du Jakarta (voyage de Bouddha vers l’illumination) et du Ramayana (l’épopée hindoue du voyage de prince Rama). D’ailleurs, les thèmes populaires sont les signes du zodiaque ou les animaux qui portent chance. Les images d’éléphants, en particulier les éléphants blancs, sont souvent utilisées car elles sont considérées comme un symbole porte-bonheur. Le Hamsa (un mythique oiseau qui sert de monture au dieu créateur de l’hindouisme, Brahma) représente la pureté et le bon caractère alors que le paon constitue un symbole de beauté.

 

La fabrication d’une tapisserie traditionnelle birmane

La plupart des dessins consistent en un motif principal au centre, entouré de couches de borderies. Pour les colorer, des morceaux de tissu, de velours ou de satin de différentes couleurs sont coupés selon la forme des motifs, puis sont cousus sur les contours esquissés avec des fils dorés. Le dessous des points de suture est recouvert de colle pour les renforcer et empêcher les fils de se rompre. Ensuite, la laine de coton est soigneusement insérée entre les couches de tissu en fonction de motifs, ce qui leur donne un effet matelassé et tridimensionnel.

La confection d'une tapisserie brodée de Birmanie

Enfin, des couches denses de perles, de pierres de verre, de paillettes et de disques métalliques sont cousues avec des fils de couleurs jusqu’à ce que le fond original de la tapisserie devienne invisible. Ainsi, les kalagas sont célèbres pour avoir des fonds et des bordures entièrement recouverts de beaux ornements de paillettes. Les motifs des bordures ont par ailleurs des noms tout à fait fascinants : dôme de diamants, motif rhomboïde, place d’émeraude ou feuille de banian.

Un exemple de Kalaga

 

Les tapisseries complètes peuvent être suspendues sans ou avec cadre mais sans verre afin que le détail et la texture puissent être pleinement appréciés. La fabrication d’un kalaga peut durer plusieurs semaines. Certains kalagas, plus anciens pouvaient prendre plus d’un an pour être achevés. En raison de sa complexité, une tapisserie birmane est un travail cumulé par de nombreuses personnes au sein d’une équipe. Généralement, il n’existe jamais deux kalagas qui se ressemblent car chacun est aussi unique que l’équipe qui l’a confectionné.

 

 

Le kalaga aujourd’hui

Auparavant, des objets et des lieux étaient ornés de tapisseries brodées, notamment dans les palais royaux ou les monastères. Certaines tapisseries furent utilisées pour comme cloison séparant deux pièces ou comme tenture murale dans les pagodes. De nos jours, les tapisseries brodées sont prisées comme souvenirs ou décorations dans les lieux touristiques. D’ailleurs, il existe de nombreux articles fascinants employant la même technique de broderie tels que des sacs à main ou des casquettes.

Le Kalaga est devenu un superbe souvenir de Birmanie

Bref, cette forme d’artisanat a su résister aux transformations sociales et politiques de la Birmanie et est  aujourd’hui devenue un patrimoine culturel. C’est également les efforts et le soutien du gouvernement birman dans la sauvegarde de la broderie traditionnelle qui ont permis au kalaga de continuer de vivre. Chaque année, l’association Saunder Weaving Insitution organise des cours de formation en tapisserie pour promouvoir ce métier artisanal à l’international. Cette industrie artisanale, autrefois petite, s’est étendue à d’autres régions. Cela a ouvert de nombreuses possibilités d’emploi, notamment pour les femmes et leur permet de s’émanciper en participant à une activité ancestrale.

Et pour découvrir l’artisanat du kalaga en Birmanie :
>>> Une balade de Bagan à Inle
>>> La Birmanie en bord de mer
>>> De Rangoun à Mandalay, la boucle birmane avec Carnets d’Asie

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