Le sanctuaire de My Son, dernier trésor de la civilisation cham

Une plongée dans le sanctuaire de My Son, coeur de la civilisation cham

Bien que le bouddhisme prévale au Vietnam contemporain, le pays, notamment la côte centrale du sud, fut dans le passé remarquablement influencée par des valeurs et des institutions culturelles issues de l’hindouisme indien. Cette région, connue sous le nom de royaume de Champa avant d’entièrement appartenir au Vietnam au XIXe, adopta l’hindouisme comme religion officielle. Aujourd’hui, on en trouve des vestiges tant dans la vie des locaux que dans les ruines d’une série de tours-sanctuaires impressionnantes. Le site le plus impressionnant est situé à 40km à l’ouest de la vieille ville de Hoi An. Nous vous emmenons dans ce vestige spectaculaire de l’ancien royaume de Champa, l’incroyable sanctuaire de My Son.

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Les reliefs sur les temples du sanctuaire de My Son

L’histoire du sanctuaire de My Son

Une statue du dieu ShivaAu IVe siècle, Bhadravarman, premier roi du royaume de Champa, édifia à My Son un temple de bois dédié au culte du dieu-roi Bhadresvara, un dieu dont le nom combine celui du roi et de Shiva. En effet, les peuples Cham de l’époque vénéraient le dieu Shiva et son signe masculin, le linga. Le dieu Shiva symbolise la destruction et est un membre de la Trimurti, trois divinités présidant les différents états de l’univers. Selon les rituels traditionnels, les rois devaient se rendre au sanctuaire de My Son lors de leur accession au trône en pratiquant des rites, offrant des offrandes et construisant de nouveaux temples. Plus qu’un lieu de culte, il s’agissait du centre religieux du royaume Champa mais aussi la sépulture des rois.

Après que le Champa fut vaincu par les Vietnamiens, ce complexe de 70 tours-sanctuaires fut abandonné et tomba en ruine au fil du temps… Jusqu’à la fin du XIXe siècle… Camille Paris, un fonctionnaire de l’administration française, a redécouvert le sanctuaire de My Son lors de son expédition cartographique. Plus tard, les archéologues de l’École Française d’Extrême Orient commencèrent à fouiller le site et se sont attelés à la restauration de certaines tours. Malheureusement, le sanctuaire et ses secrets cachés furent bombardés durant la guerre du Vietnam en 1969, lorsque les forces américaines attaquèrent les Vietnamiens qui s’étaient établis dans les ruines antiques.

L’emplacement sacré du sanctuaire de My Son

Un lieu de méditation au cœur de la nature

Le sanctuaire de My Son à quelques kilomètres de Hoi An

My Son est le nom d’un village de la commune de Duy Phu, district de Duy Xuyen, province de Quang Nam, qui était considéré comme un emplacement convenable pour la construction du sanctuaire sacré de l’ancien royaume de Champa. Situé dans une vallée fermée et escarpée, l’espace de My Son correspondait bien aux exigences de l’hindouisme. Selon laquelle, un espace divin est un lieu sacré où les fidèles  peuvent atteindre les dieux en sublimant leur âme. Pour entrer dans cet cœur religieux, il faut concentrer son esprit pour faire l’expérience de la vérité en se débarrassant de la vulgarité. Ainsi, un lieu tranquille isolé de la vie quotidienne, mais surtout avec la nature, est parfait pour la méditation.

En effet, l’hindouisme est une philosophie respectueuse de la nature. Aucune religion, peut-être, ne met autant l’accent sur le culte de la nature que l’hindouisme. Ainsi, l’emplacement du sanctuaire de My Son s’inscrivait parfaitement dans les significations religieuses liées à la nature. La rivière de Khe The dans le sanctuaire de My Son se jette dans la vallée et rejoint la rivière de Thu Bon. Cette dernière, connue sous le nom de Mahadani sur les anciennes stèles champa, était considérée comme une symbolisation de la rivière sacrée de Gange en Inde. Il s’agissait également d’une source d’eau importante pour les rituels et les cérémonies importantes dans les temples.

My Son, en plein coeur d'une nature luxuriante

D’autre part, sa situation au cœur des montagnes joua également un rôle important dans le choix de l’emplacement. Cela provient du culte des montagnes sacrées, une combinaison de la vénération de grandes pierres connues sous l’expression de mégalithe, et de la montagne sacrée « Meru » dans la mythologie hindoue. Dans le complexe de My Son, la signification de la montagne sacrée est associée au mont Rang Meo.

Un sanctuaire dédié au pouvoir de procréation

Le Linga et le Yoni

Presque toutes les religions honorent le pouvoir de la procréation, sans lequel la vie n’existerait pas. La procréation ou la fertilité est représentée par des symboles, des rituels et des prières dans les pratiques religieuses. Les symboles utilisés pour décrire la fertilité peuvent être des choses animées ou inanimées, des diagrammes ou des gestes de la main. Ces symboles sont appelés symboles de fertilité. Dans l’hindouisme, les organes génitaux constituent des fétiches du rite de fertilité.

Dans le complexe de My Son, la montagne de Rang Meo représente le linga, symbole masculin de Shiva. Le grand bassin des tours-temples, avec la rivière de Khe Tho, est considéré comme un grand yoni, symbole de l’énergie féminine. L’union linga-yoni constitue le symbole de fertilité le plus puissant de l’hindouisme représentant la totalité du monde.

Raisons pour lesquelles les Chams choisirent cet emplacement puisqu’il répondait parfaitement aux éléments géographiques, spirituels et aux conceptions religieuses.

Les briques du sanctuaire de My Son

La structure architecturale du sanctuaire

Le mystère des techniques de construction du sanctuaire de My Son

Ce qui rend cette destination très attrayante est probablement son architecture. Malgré les grands dommages pendant la guerre et au cours du temps, les ruines de My Son conservent encore des empreintes d’un monument autrefois splendide. Selon de nombreuses recherches, les premiers tours-temples de My Son ont été construits en bois au IVe siècle. Après un grand incendie, ils furent reconstruits en brique, avec des techniques de construction unique restant encore un mystère à ce jour. En effet, si vous y prêtez attention, vous constaterez qu’aucun mortier n’est utilisé pour tenir les briques.

Une autre différence sur l’aspect des briques est également une chose intéressante à souligner. Après de nombreux travaux de restauration, on peut voir des briques couvertes de mousse et des briques qui gardent toujours leur couleur rougeâtre. Ainsi, selon vous, lesquelles sont originales ? On peut seulement dire que ce sanctuaire est quelque chose qui dépasse le sens commun. Les Chams avaient une technique précise de cuisson des briques en terre cuite, un secret bien gardé jusqu’à ce jour : les briques originales sont celles qui ne changent pas de couleur.

 

La structures des tours-temples de My Son

Le sanctuaire de My Son est composé de plusieurs groupes de tours, dont chacun a une tour-temple principale (Kalan), entourée de plus petites tours et de bâtiments. Le Kalan était considéré comme une miniature du centre de l’univers où se tenaient les rituels dédiés à Shiva. La construction des tours-temples du sanctuaire était principalement inspirée par la conception du mont Meru, une montagne sacrée dans l’hindouisme. Le mont Meru serait situé au centre de la Terre où résident les dieux. Au-dessus se trouvent les cieux, en dessous les enfers et autour s’étend le monde visible où tourne le soleil. Les temples étaient construits en briques cuites et en piliers de pierre décorés de bas-reliefs en grès représentant des motifs tels que des fleurs, des animaux, Kâla – Makara (des animaux mythologiques d’origine hindoue), des danseurs Apsara et des scènes de la mythologie hindoue.

La structure des tours-temples de My Son

Le caractère sophistiqué de cette technologie témoigne du génie des Chams, tout en montrant un aperçu de leur pensée religieuse. Ils ont harmonisé l’âme avec le sol et la pierre, se connectant à mère nature pour construire le puissant et magnifique sanctuaire de My Son. Reconnu par l’UNESCO comme site du patrimoine mondial en 1999, My Son est également un musée monumental de l’humanité, archivant des connaissances inestimables sur la culture, la sculpture et l’architecture cham oubliées depuis bien longtemps.

Le sanctuaire de My Son est une visite incontournable lors d’un voyage à Hoi An. En effet, il s’agit de l’un des sites les mieux préservé de la civilisation Cham. Une culture aujourd’hui presque disparue qui a su passionner les explorateurs et surprend toujours les voyageurs. Oubliée au profit de la civilisation khmère, les Chams ont pourtant marqué la région d’une empreinte indélébile qu’il ne faut pas manquer de découvrir.

Pour découvrir My Son et la culture cham :
>>> La grande traversée du Vietnam en 15 jours
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