Au Laos, un pays où la croyance et la religion jouent un rôle important dans la vie quotidienne, le bouddhisme est considéré comme la religion officielle du pays. Malgré son importance pour les Lao Loum (Laotiens des plaines) représentant la plupart des Laotiens, c’est l’animisme qui constitue la croyance principale, reconnue par la population tout entière. Les Laotiens ne croyant pas au bouddhisme dans le passé, l’animisme est la religion la plus ancienne. Aujourd’hui, elle est encore pratiquée comme la croyance principale par les ethnies minoritaires de Lao Theung (Laotiens des plateaux) et Lao Soung (Laotiens des montagnes).
La cohabitation entre le bouddhisme et l’animisme au Laos
Aujourd’hui, le bouddhisme et l’animisme constituent les religions dominantes au Laos. La première est pratiquée par plus de 67 % de la population. La plupart des groupes de minorités ethniques, soit plus de 30% de la population, vénèrent la deuxième, une religion dont les adeptes croient aux génies et aux esprits. Bien que l’animisme ne soit pas reconnu par l’État, il est parfaitement incorporé dans la croyance bouddhiste créant une sorte de syncrétisme. À Vientiane, le temple Vat Si Muang est un exemple typique de cette cohabitation : un temple vénérant le Bouddha est protégé par Naga, le divin serpent aux plusieurs têtes.
Le culte des esprits dans la croyance animiste
Ancêtres
Selon la croyance laotienne, les esprits des ancêtres résident dans la maison en protégeant leurs proches vivants. Dans chaque foyer se trouve donc un autel dédié aux décédés. Les esprits ancestraux se relient partiellement aux buffles, ainsi son crâne ou sa corne est suspendu à l’autel ou sous le pignon de la maison. De nombreux tabous concernant les comportements dans la maison sont observés afin d’éviter d’offenser les esprits ancestraux.
Phi
Phi est le terme laotien réservé aux fantômes ou aux esprits qui sont omniprésents et divers. En effet, la croyance en une force surnaturelle explique la relation entre les habitants, la nature et par exemple, la cause de certaines maladies. Les Laotiens croient qu’ils sont issus de quatre éléments universels : la terre, le ciel, le feu et l’eau et protégés par 32 âmes (Khouane en laotien). Ainsi, le fait que l’une ou plusieurs âmes quittent le corps conduit à la maladie. Afin d’éliminer la maladie, les locaux réalisent donc la cérémonie du Baci pour rappeler ces âmes perdues vers le corps de leur hôte. L’un des rituels essentiels lors de la cérémonie est le nouement d’un fil de coton autour du poignet des participants qui permet à leurs âmes de rester en place. La cérémonie du Baci est également effectuée pour accueillir les invités avant et après d’un long voyage.
Les Phi des personnes décédées par accident, par violence ou avortement n’arrivent pas à réincarner mais deviennent des esprits malfaisants (Phi phetu). Ces esprits errent partout en hantant et en apportant malchance aux vivants. La croyance en les Phi se présente aussi dans le bouddhisme, en particulier au niveau du village. Certains bonzes sont très respectés car ils auraient des capacités particulières d’exorciser les esprits malveillants ou de les tenir à l’écart des vivants.
La maison des esprits
Pour se protéger des esprits malfaisants et les empêcher de causer des ennuis, les habitants construisent devant chaque construction des maisons miniatures dédiées au culte des génies et des esprits gardiens associés à ce lieu. Les locaux déposent à l’intérieur de la maison des offrandes telles que de l’encens, de l’eau, des bougies, du riz et des fleurs en souhaitant obtenir les faveurs des génies et neutraliser les esprits malfaisants. La maison des esprits est également présente dans les temples bouddhistes (wat) pour honorer les esprits bienfaisants.
Les rituels
Les locaux respectent le pratiquant et le chaman, qui sont ceux qui ont la possibilité de mener des sacrifices et des rites en tant qu’intermédiaire entre les deux mondes. Le pratiquant, généralement le chef du ménage, dirige les cérémonies du foyer et les divinations ordinaires. Le chaman, quant à lui, est considéré pour avoir des rapports particuliers avec le monde des esprits. Les gens croient qu’un chaman peut monter au ciel pour chercher des âmes perdues et les ramener au corps de l’hôte. Lors du rituel, il s’assoit sur un banc en bois avec une étoffe couvrant son visage et commence à chanter et à trembler, imitant finalement une échelle vers le ciel.
Les superstitions
La tradition laotienne regorge de nombreuses superstitions diverses et avec plus de 160 groupes ethniques différents, il existe probablement des milliers de tabous concernant les Phi que l’on pourrait commettre. Il faut éviter de prendre des photos parmi 3 personnes car elles s’éloigneront l’une de l’autre ou si vous ne souhaitez pas être visités par les esprits durant la nuit. Si votre paupière droite tremble, c’est un signe de chance, mais si c’est celle de gauche, il s’agit d’un avertissement.
De plus, il existe un nombre de superstitions intéressantes liées aux cheveux. Couper vos cheveux le jour de votre anniversaire raccourcit votre durée de vie. Couper vos cheveux un mercredi conduit à la malchance. Si vous vous coupez les cheveux la nuit, vous allez raccourcir la vie de vos parents. Enfin, brûlez les cheveux coupés, sinon « quelqu’un d’autre » peut les utiliser.
Bien que l’animisme ne soit pas accepté officiellement aujourd’hui par l’État en raison de certaines mœurs quelque peu archaïques, le culte des Phi demeure très répandu et cohabite en harmonie avec le bouddhisme, ce qui fait du Laos une terre de secrets aux traits culturels très marqués et typiques.
Alors, pendant de votre voyage au Laos, avez-vous constaté certaines de ces croyances et traditions ? Dites-nous en commentaire !
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