Le sanctuaire de My Son, dernier trésor de la civilisation cham

Une plongée dans le sanctuaire de My Son, coeur de la civilisation cham

Bien que le bouddhisme prévale au Vietnam contemporain, le pays, notamment la côte centrale du sud, fut dans le passé remarquablement influencée par des valeurs et des institutions culturelles issues de l’hindouisme indien. Cette région, connue sous le nom de royaume de Champa avant d’entièrement appartenir au Vietnam au XIXe, adopta l’hindouisme comme religion officielle. Aujourd’hui, on en trouve des vestiges tant dans la vie des locaux que dans les ruines d’une série de tours-sanctuaires impressionnantes. Le site le plus impressionnant est situé à 40km à l’ouest de la vieille ville de Hoi An. Nous vous emmenons dans ce vestige spectaculaire de l’ancien royaume de Champa, l’incroyable sanctuaire de My Son.

>>> Hoi An : Son histoire, quoi voir, quand partir ? 

Les reliefs sur les temples du sanctuaire de My Son

L’histoire du sanctuaire de My Son

Une statue du dieu ShivaAu IVe siècle, Bhadravarman, premier roi du royaume de Champa, édifia à My Son un temple de bois dédié au culte du dieu-roi Bhadresvara, un dieu dont le nom combine celui du roi et de Shiva. En effet, les peuples Cham de l’époque vénéraient le dieu Shiva et son signe masculin, le linga. Le dieu Shiva symbolise la destruction et est un membre de la Trimurti, trois divinités présidant les différents états de l’univers. Selon les rituels traditionnels, les rois devaient se rendre au sanctuaire de My Son lors de leur accession au trône en pratiquant des rites, offrant des offrandes et construisant de nouveaux temples. Plus qu’un lieu de culte, il s’agissait du centre religieux du royaume Champa mais aussi la sépulture des rois.

Après que le Champa fut vaincu par les Vietnamiens, ce complexe de 70 tours-sanctuaires fut abandonné et tomba en ruine au fil du temps… Jusqu’à la fin du XIXe siècle… Camille Paris, un fonctionnaire de l’administration française, a redécouvert le sanctuaire de My Son lors de son expédition cartographique. Plus tard, les archéologues de l’École Française d’Extrême Orient commencèrent à fouiller le site et se sont attelés à la restauration de certaines tours. Malheureusement, le sanctuaire et ses secrets cachés furent bombardés durant la guerre du Vietnam en 1969, lorsque les forces américaines attaquèrent les Vietnamiens qui s’étaient établis dans les ruines antiques.

L’emplacement sacré du sanctuaire de My Son

Un lieu de méditation au cœur de la nature

Le sanctuaire de My Son à quelques kilomètres de Hoi An

My Son est le nom d’un village de la commune de Duy Phu, district de Duy Xuyen, province de Quang Nam, qui était considéré comme un emplacement convenable pour la construction du sanctuaire sacré de l’ancien royaume de Champa. Situé dans une vallée fermée et escarpée, l’espace de My Son correspondait bien aux exigences de l’hindouisme. Selon laquelle, un espace divin est un lieu sacré où les fidèles  peuvent atteindre les dieux en sublimant leur âme. Pour entrer dans cet cœur religieux, il faut concentrer son esprit pour faire l’expérience de la vérité en se débarrassant de la vulgarité. Ainsi, un lieu tranquille isolé de la vie quotidienne, mais surtout avec la nature, est parfait pour la méditation.

En effet, l’hindouisme est une philosophie respectueuse de la nature. Aucune religion, peut-être, ne met autant l’accent sur le culte de la nature que l’hindouisme. Ainsi, l’emplacement du sanctuaire de My Son s’inscrivait parfaitement dans les significations religieuses liées à la nature. La rivière de Khe The dans le sanctuaire de My Son se jette dans la vallée et rejoint la rivière de Thu Bon. Cette dernière, connue sous le nom de Mahadani sur les anciennes stèles champa, était considérée comme une symbolisation de la rivière sacrée de Gange en Inde. Il s’agissait également d’une source d’eau importante pour les rituels et les cérémonies importantes dans les temples.

My Son, en plein coeur d'une nature luxuriante

D’autre part, sa situation au cœur des montagnes joua également un rôle important dans le choix de l’emplacement. Cela provient du culte des montagnes sacrées, une combinaison de la vénération de grandes pierres connues sous l’expression de mégalithe, et de la montagne sacrée « Meru » dans la mythologie hindoue. Dans le complexe de My Son, la signification de la montagne sacrée est associée au mont Rang Meo.

Un sanctuaire dédié au pouvoir de procréation

Le Linga et le Yoni

Presque toutes les religions honorent le pouvoir de la procréation, sans lequel la vie n’existerait pas. La procréation ou la fertilité est représentée par des symboles, des rituels et des prières dans les pratiques religieuses. Les symboles utilisés pour décrire la fertilité peuvent être des choses animées ou inanimées, des diagrammes ou des gestes de la main. Ces symboles sont appelés symboles de fertilité. Dans l’hindouisme, les organes génitaux constituent des fétiches du rite de fertilité.

Dans le complexe de My Son, la montagne de Rang Meo représente le linga, symbole masculin de Shiva. Le grand bassin des tours-temples, avec la rivière de Khe Tho, est considéré comme un grand yoni, symbole de l’énergie féminine. L’union linga-yoni constitue le symbole de fertilité le plus puissant de l’hindouisme représentant la totalité du monde.

Raisons pour lesquelles les Chams choisirent cet emplacement puisqu’il répondait parfaitement aux éléments géographiques, spirituels et aux conceptions religieuses.

Les briques du sanctuaire de My Son

La structure architecturale du sanctuaire

Le mystère des techniques de construction du sanctuaire de My Son

Ce qui rend cette destination très attrayante est probablement son architecture. Malgré les grands dommages pendant la guerre et au cours du temps, les ruines de My Son conservent encore des empreintes d’un monument autrefois splendide. Selon de nombreuses recherches, les premiers tours-temples de My Son ont été construits en bois au IVe siècle. Après un grand incendie, ils furent reconstruits en brique, avec des techniques de construction unique restant encore un mystère à ce jour. En effet, si vous y prêtez attention, vous constaterez qu’aucun mortier n’est utilisé pour tenir les briques.

Une autre différence sur l’aspect des briques est également une chose intéressante à souligner. Après de nombreux travaux de restauration, on peut voir des briques couvertes de mousse et des briques qui gardent toujours leur couleur rougeâtre. Ainsi, selon vous, lesquelles sont originales ? On peut seulement dire que ce sanctuaire est quelque chose qui dépasse le sens commun. Les Chams avaient une technique précise de cuisson des briques en terre cuite, un secret bien gardé jusqu’à ce jour : les briques originales sont celles qui ne changent pas de couleur.

 

La structures des tours-temples de My Son

Le sanctuaire de My Son est composé de plusieurs groupes de tours, dont chacun a une tour-temple principale (Kalan), entourée de plus petites tours et de bâtiments. Le Kalan était considéré comme une miniature du centre de l’univers où se tenaient les rituels dédiés à Shiva. La construction des tours-temples du sanctuaire était principalement inspirée par la conception du mont Meru, une montagne sacrée dans l’hindouisme. Le mont Meru serait situé au centre de la Terre où résident les dieux. Au-dessus se trouvent les cieux, en dessous les enfers et autour s’étend le monde visible où tourne le soleil. Les temples étaient construits en briques cuites et en piliers de pierre décorés de bas-reliefs en grès représentant des motifs tels que des fleurs, des animaux, Kâla – Makara (des animaux mythologiques d’origine hindoue), des danseurs Apsara et des scènes de la mythologie hindoue.

La structure des tours-temples de My Son

Le caractère sophistiqué de cette technologie témoigne du génie des Chams, tout en montrant un aperçu de leur pensée religieuse. Ils ont harmonisé l’âme avec le sol et la pierre, se connectant à mère nature pour construire le puissant et magnifique sanctuaire de My Son. Reconnu par l’UNESCO comme site du patrimoine mondial en 1999, My Son est également un musée monumental de l’humanité, archivant des connaissances inestimables sur la culture, la sculpture et l’architecture cham oubliées depuis bien longtemps.

Le sanctuaire de My Son est une visite incontournable lors d’un voyage à Hoi An. En effet, il s’agit de l’un des sites les mieux préservé de la civilisation Cham. Une culture aujourd’hui presque disparue qui a su passionner les explorateurs et surprend toujours les voyageurs. Oubliée au profit de la civilisation khmère, les Chams ont pourtant marqué la région d’une empreinte indélébile qu’il ne faut pas manquer de découvrir.

Pour découvrir My Son et la culture cham :
>>> La grande traversée du Vietnam en 15 jours
>>> Une découverte du Vietnam en famille

Une femme sur son vélo au petit matin à Hanoï, photo de Nathalie's Backyard

Explorez le Vietnam avec Nathalie’s Backyard

Nathalie a voyagé dans de nombreux pays de l’Asie ! Aujourd’hui elle nous parle de sa première aventure au Vietnam, en 2008, un réel coup de coeur !

Nathalie, la blogueuse de "Nathalie's Backyard"Est-ce que vous pouvez vous présenter ainsi que votre blog en quelques mots ?

J’ai créé le blog de récits de voyage en 2013 au retour d’un voyage en famille au Japon et en Thaïlande pour partager mes aventures et mes photos. Ce blog me permet de m’exprimer sur ma passion pour le voyage et la découverte de l’ailleurs. Il me donne la possibilité d’écrire et de montrer mes photos de voyage.

Comment avez-vous fait le choix du Vietnam pour votre voyage ?

Le Vietnam est le premier pays que j’ai visité en Asie. J’avais très envie d’y aller depuis longtemps. J’étais attirée par son histoire, certains de ses paysages les plus connus comme la baie d’Halong et je devinais un pays très raffiné. J’avais pu m’en rendre compte dans certains films comme Indochine ou l’Amant ou bien dans divers reportages sur le pays. Je rêvais enfin de découvrir les merveilleux temples bouddhistes de ce très beau pays.

Quel est votre meilleur souvenir lors de votre voyage au Vietnam?

Notre voyage au Vietnam est une succession de merveilleux souvenirs comme la découverte d’Hanoï et du quartier des 36 rues, le périple en train de nuit pour Sapa tout au nord, la visite de la cité impériale de Hûe, les lanternes d’Hôi An… Le plus drôle aura quand même d’avoir osé plonger dans la baie d’Halong et d’y avoir défié les courants de la mer !

Quelle est la plus belle photo que vous ayez prise au Vietnam ? Pouvez-nous expliquer le contexte de ce cliché ?

La meilleure photo de Nathalie's Backyard, une jeune femme sur son vélo.

La plus belle photo figure sans doute dans cet article du blog

Ces photos ont été prises au petit matin au retour de Sapa en train de nuit. Hanoï n’était pas encore trop bruyante et envahie par les motos. De jolies femmes naturellement très élégantes effectuaient des livraisons à vélo. D’autres femmes balayaient les rues. C’était un quotidien simple et très poétique, je trouve.

Quel site / lieu fut un coup de cœur pour vous au Vietnam ? Pourquoi ?

Il est difficile de répondre à cette question car le Vietnam est un coup de cœur. S’il faut choisir, ce serait Hôi An, un condensé de très belles demeures, beaucoup de couleurs, les lanternes partout, le superbe pont japonais, plein de belles adresses pour se loger, manger et ramener de très beaux souvenirs. En outre, la mer est tout près et on peut faire un petit séjour balnéaire en fin de voyage pour se reposer.

Quelle est la plus belle rencontre que vous ayez faite au Vietnam ?

La plus belle rencontre est celle de notre guide dans le sud du pays dont j’ai essayé de faire un portrait. Il était très gentil et très érudit. Il nous a appris beaucoup de choses sur le pays. Il a essayé de nous transmettre un peu de son immense culture. Il nous a aussi parlé librement des heures les plus sombres de l’histoire récente du pays.

Avez-vous une anecdote lors de votre voyage au Vietnam à nous raconter ?

A Sapa, au nord du pays, nous avons fait une belle randonnée sous la pluie, accompagnés par un guide, mais aussi par des femmes Hmong qui essayaient de nous vendre plein de choses. C’était très bon enfant. Ces femmes étaient très joueuses. Elles parlaient très peu anglais et me collaient un peu mais c’était gai. Je me rends compte à la relecture de l’article que je n’en ai pas parlé sur le blog !

Sur votre blog vous dites que c’est ce voyage qui marque le début de vos aventures, pourquoi ? Est-ce qu’il y a eu quelque chose en particulier qui vous a marqué ?

Ce voyage au Vietnam est une sorte de « reprise » des voyages après pas mal d’années de vacances en France car nos enfants étaient trop petits. Donc c’est contextuel.
Par ailleurs, c’était un voyage tellement beau qu’il nous a donné envie de continuer et on ne s’est plus arrêté depuis. Nous partons dès que c’est possible.
Quand je suis arrivée à Hanoï, je me suis sentie toute de suite très bien, un peu chez moi et je dis souvent que j’aimerais y vivre. On ne ressent pas un tel attachement dans tous les pays. Le Vietnam est un vrai coup de cœur pour moi.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à un voyageur qui se prépare à partir au Vietnam ?

Ouvrir grands ses yeux. Profiter de chaque instant. La beauté est partout. La gentillesse des gens est omniprésente. Ce pays a un côté magique. 

Pour le reste, je ne prétends pas donner de conseils sur mon blog. Je ne fais que raconter ce que j’ai ressenti.

Quel objet emportez-vous toujours lorsque vous partez en voyage ?

J’emporte toujours un carnet de voyage qui me permet d’écrire chaque jour et de noter mes impressions. Il me sert au retour pour écrire le blog. J’essaie de ne pas oublier de prendre un tube de colle aussi (c’est parfois difficile d’en trouver sur place) pour coller tous les tickets de visite, des cartes postales, des cartes de visite, des bouts de papiers, des fleurs séchées… Je commence même à faire quelques croquis. Dommage que je sois aussi maladroite !

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Les tombeaux impériaux de la ville de Hué

Hué et ses tombeaux impériaux

La dynastie des Nguyen (1802 – 1945) est la dernière dynastie féodale vietnamienne. La capitale du Vietnam se trouvait à la ville de Hué, où est conservé jusqu’à aujourd’hui la cité impériale. Celle-ci est un monument grandiose, l’un des mieux préservés du Vietnam. Nous vous avions déjà présenté le guide complet de cette destination historique remarquable sur notre blog, nous continuons notre exploration de la ville impériale en nous concentrant cette fois ci sur les lieux de repos des rois, les tombeaux impériaux aussi majestueux que leurs palais.

>>> Le guide complet de la cité impériale de Hue

Des tours sont couvertes d’une épaisse couche de mousses aux statues fanées de soldats, protégeant fièrement les morts. Les tombeaux impériaux évoquent le sentiment d’un monde oublié, presque mythologique. À l’époque, les rois de la dynastie des Nguyen avait conçu leurs propres tombeaux impériaux sur les collines au sud-ouest de la citadelle, reflétant ainsi leurs tempéraments, leurs philosophies et leurs priorités. Au total, il y avait treize empereurs, dont seulement sept qui avaient des tombes : Gia Long, Minh Mang, Thieu Tri, Tu Duc, Duc Duc, Dong Khanh et Khai Dinh. Leurs tombeaux n’incarnent pas uniquement la vie et l’âme des rois Nguyen mais ils racontent également l’histoire des périodes historiques les plus captivantes du Vietnam. C’est-à-dire, l’unification nationale, la conquête militaire et l’impact culturel du colonialisme français.

En passant par le tombeau de Minh Mang, le plus impressionnant, à celui de Tu Duc, le plus romantique, on vous raconte tous les secrets sur les tombeaux impériaux des sept rois Nguyen.

Les sept tombeaux impériaux de Hué

Le tombeau de Gia Long, l’harmonie avec la nature

L’empereur Gia Long fut le premier roi de la dynastie de Nguyen, de 1802 à 1820, et l’un des personnages historiques les plus importants du Vietnam. Il renforça les valeurs confucéennes, déplaça la capitale de Hanoï à Hué,  entama la construction de la citadelle impériale et inventa le nom actuel du pays, “Việt Nam”. Malgré, le fait qu’il ait été le fondateur de l’une des dynasties les plus puissantes du Vietnam, son lieu de repos n’a pas de bâtiment complexe ni de palais extravagant. Il est également isolé de la ville, le plus éloigné par rapport aux tombeaux des autres rois et assez difficile d’accès. C’est une destination hors des sentiers battus. Son emplacement autrefois inaccessible était supposé être dû à la volonté de l’empereur qui souhaitait un repos éternel tranquille. Il voulait aussi éviter la vengeance du reste de la dynastie de Tay Son, la précédente dynastie vaincue par Gia Long.

L'un des tombeaux impériaux de Hué

Ainsi, il est pittoresque et impressionnant. Son paysage naturel est paisible, il offre une superbe vue sur la vaste forêt de pins et sur un complexe de 42 montagnes successives de la région Thien Tho Son, dans la commune de Huong Tho. Au milieu du tombeau se trouve le mausolée du roi et de sa reine, une double sépulture bâtie d’après le concept de “Can Khon Hiep Duc”, symbole du bonheur et de la fidélité. Situé à 20km du centre-ville, il est aujourd’hui accessible autant par la voie routière que par la voie naviguable.

Ticket d’entrée : 40.000VND/adulte et gratuit pour les enfants

 

Le tombeau de Minh Mang, l’apogée de la dynastie Nguyen   

L’empereur Minh Mang, le successeur et quatrième fils de Gia Long, était considéré comme le plus talentueux empereur de la dynastie Nguyen. Lors de son règne, de 1820 à 1841, il dirigeait un grand empire en écrasant les rébellions et résistant à la menace coloniale de l’Europe. Ainsi, le Dai Nam, le nom du pays à l’époque, devenait le plus puissant empire d’Asie du Sud-Est. En effet, l’espace national sous le règne de Minh Mang, fut étendu jusqu’à son zénith dans l’histoire du Vietnam, en comprenant la plupart des terres du Laos et du Cambodge d’aujourd’hui.

Le tombeau impérial de Minh Mang

Minh Mang avait prévu de construire sa tombe dès 1826, mais ce n’est qu’en septembre 1840, après quatorze ans de recherche pour un emplacement convenable, que la construction de sa tombe fut effectuée par son fils aîné, l’empereur Thieu Tri. Achevée en 1843, un an après sa mort, la grande tombe de Minh Mang fut le reflet de la vigueur militaire, de la conquête réussie et également du traditionalisme culturel. Construite d’après l’architecture symétrique, les quarante structures du complexe furent entourées par le mur et divisées en deux par un chemin central, qui contient la cour des salutations, le pavillon de la stèle et la tombe de l’empereur. Les palais, les temples, les jardins et les ponts de pierre s’organisent dans une atmosphère tranquille et idyllique. Le mausolée de Minh Mang se trouve sur le mont de Cam Khe, à 12km du centre-ville.

Ticket d’entrée : 100.000VND/adulte et 20.000VND/enfant de 7-12 ans

 

Le tombeau de Thieu Tri, simple et proche de la vie campagnarde 

Le tombeau de l’empereur Thieu Tri, le successeur et fils aîné de Minh Mang, est une combinaison architecturale des tombeaux de ses deux prédécesseurs : Gia Long et Minh Mang. Pendant son règne, Thieu Tri était considéré comme un bon roi qui consacrait beaucoup de temps à la vie de ses habitants. Différent des autres rois, il n’a rien fait pour préparer sa mort, parce qu’il ne voulait pas gaspiller les ressources du pays. Juste avant sa mort, l’empereur Thieu Tri aurait ordonné à son fils de construire une tombe simple, dans un lieu peu élevé, près du pied de la montagne et surtout facilement accessible aux populations et à ceux qui le construisaient. Il recommanda également avec soin que ses funérailles ne soient pas trop luxueuses.

L'un des tombeaux impériaux de Hué : Thieu Tri

Ainsi, son successeur, l’empereur Tu Duc, construisit pendant 3 mois un tombeau simple pour son père, sur une petite colline, près de la citadelle. Il nomma le tombeau : Thuan Dao. Celui-ci, est le seul qui ne soit pas entouré d’un mur. Le complexe est encerclé par des champs de riz verdoyants et des jardins. Situé seulement à 7km du centre-ville, ce tombeau est moins envahi par le flux de touristes puisqu’il est en grande partie en ruine.

Ticket d’entrée : 40.000VND/adulte et gratuit pour les enfants

 

Le tombeau de Tu Duc, écrin poétique autour de l’ancienne capitale  

Au contraire du tombeau simple de son père, celui de l’empereur Tu Duc était considéré comme l’un des plus beaux complexes parmi les mausolées des rois Nguyen. Situé à 6km du centre-ville, chaque édifice du complexe exprime l’âme romantique et l’esprit ouvert de l’empereur Tu Duc, ayant connu le règne le plus long de la dynastie Nguyen, à savoir de 1847 à 1883. En effet, cet empereur avait une forte passion pour l’art et la littérature, ce qui inspira la construction de sa grande tombe. La construction fut réalisée de 1864 à 1867, bien avant sa mort en 1883. Tu Duc avait demandé tellement de travail de corvée et d’imposition supplémentaire qu’il y avait eu une insurrection contre lui. Avant de devenir sa tombe, il s’agissait du deuxième palais du roi et de ses concubines avec de beaux jardins verdoyants, des forêts de pin, un lac et des zones de chasse. Un véritable lieu de détente dans lequel le roi s’amusait et s’échappait de sa vie tragique.

Le tombeau de Tu Duc

En effet, Tu Duc était considéré comme l’empereur le plus infortuné parmi ceux de la dynastie Nguyen. À l’époque, il existait des conflits fraternels pour l’occupation du trône, lorsque les Français renforçait leur emprise coloniale. Tu Duc prévoyait le déclin du pays et donc il ne souhaitait pas s’engager dans une bataille perdue d’avance. Il s’est alors retiré pour construire et apprécier sa propre tombe. D’ailleurs, après avoir contracté la variole dès son enfance, il était incapable de donner naissance à un fils. Pour un roi, perdre sa patrie et ne pas avoir un successeur étaient considérés comme un grand échec. Ses péchés furent également écrits sur sa propre épitaphe, car il n’avait pas de fils pour lui construire une stèle funéraire comme les précédents empereurs. Tu Duc a donc construisit lui-même son épitaphe en décrivant sa propre vie, ses réalisations et ses échecs lors de son règne.

La plus grande épitaphe du Vietnam

Bien qu’il ait estimé que c’était un mauvais présage, l’épitaphe se trouve toujours à l’est du tombeau. Cette stèle, la plus grande de ce type au Vietnam, a dû être importée d’une carrière à Thanh Hoa, située à plus de 500 km. Malgré la grandeur du tombeau et le temps que le roi y passa, Tu Duc et ses trésors furent enterrés dans un autre lieu secret à Hué. Les 200 serviteurs qui ont construit la véritable tombe de Tu Duc ont tous été décapités après leur retour. Ainsi, à ce jour, la tombe de Tu Duc reste toujours un secret.

Ticket d’entrée : 100.000VND/adulte et 20.000VND/enfant de 7-12 ans

 

Le tombeau de Duc Duc, lieu de repos de trois empereurs 

Situé à 3km du centre-ville, le tombeau de Duc Duc, le premier fils adopté de l’empereur Tu Duc, constitue une destination idéale pour une visite rapide dans la ville. Le règne de Tu Duc marqua le considérable déclin du pays et la menace coloniale des Français, lors de leur première invasion en 1858 à la péninsule de Son Tra, Da Nang. Après la mort de Tu Duc en 1883, le Dai Nam devint un protectorat français. Depuis ce moment, la dynastie de Nguyen n’était que fantoche, elle avait perdu son pays au profit des Français.

Les tombeaux impériaux de Hué : Le tombeau de Duc Duc

En 1883, l’empereur Duc Duc n’a régné que trois jours avant d’être destitué et emprisonné. Il était mort de faim après un mois de détention. Sur la route du temple de Kim Quang de la commune d’An Cuu, son lieu de sépulture, le corps du roi était tombé. Ce lieu fut finalement choisi comme son lieu d’enterrement. Jusqu’à six ans plus tard, son septième fils, l’empereur Thanh Thai, trônait et commença à y construire un mausolée pour son père en 1890. L’empereur de Thanh Thai (18 ans de règne), puis son fils, l’empereur Duy Tan (8 ans de règne) avaient des pensées et des activités anticolonialistes. Ils furent donc par la suite détrônés et exilés sur l’île coloniale de la Réunion. Après leurs morts, ils ont été enterrés dans le tombeau de Duc Duc. C’est un mausolée humble mais assez attrayant, il reflète l’architecture impériale emblématique de Hue.

Ticket d’entrée : 40.000VND/adulte et gratuit pour les enfants.

 

Le tombeau de Dong Khanh, une combinaison architecturale européenne et asiatique 

L’empereur Dong Khanh, l’un des trois fils adoptés de Tu Duc, fut le prédécesseur de l’empereur Thanh Thai et régna pendant trois ans, de 1885 à 1888. Le tombeau impérial de Dong Khanh était en fait un temple commémoratif reconverti. D’abord, le roi avait ordonné la construction de ce temple pour commémorer son propre père en 1888, mais, la construction s’est interrompue en raison de sa mort subite. Son successeur, Thanh Thai, l’a par la suite installé dans la tombe de Dong Khanh. Jusqu’en 1916, le fils de Dong Khanh, l’empereur Khai Dinh, répara le tombeau de son père et construisit de nouveaux palais et temples dans le complexe. Enfin, la construction du tombeau de Dong Khanh se termina en 1923 après de nombreux travaux discontinus pendant 35 ans.

Le tombeau de Dong Khanh

Le mausolée de Dong Khanh se situe sur une colline tranquille avec une vue magnifique sur la campagne. Ce roi était un empereur fantoche contrôlé par les Français. Ainsi, il en résulta que sa tombe montra une influence gothique européenne, avec des vitraux et des reliefs en terre cuite se mélangeant à l’architecture orientale traditionnelle. Si le style impérial traditionnel était vraiment présent dans l’architecture de la tombe de Duc Duc, le style européen était clairement illustré dans le tombeau de Khai Dinh. Celle de Dong Khanh est considérée comme une étape de transfert. Le tombeau se trouve à 6km du centre-ville et tout près de ceux de Tu Duc et Thieu Tri.

Ticket d’entrée : 40.000VND et gratuit pour les enfants

 

Le tombeau de Khai Dinh et l’influence de l’architecture occidentale 

L’empereur Khai Dinh fut le fils aîné de Dong Khanh mais il ne lui a pas succédé immédiatement. C’est seulement après les ères de deux rois : Thanh Thai et Duy Tan, qui avaient été exilés en raison de leurs activités anticolonialistes, que Khai Dinh fut intronisé par les Français. Puisqu’il était le fils de Dong Khanh, le collaborateur le plus soumis avec le régime colonial, s’opposant à tout mouvement indépendantiste. Cet avant-dernier empereur privilégia les festins luxurieux, appréciait les influences étrangères et dépensait des sommes énormes sur la construction des édifices, notamment pour son propre tombeau.

La cour des salutations à Hué

Sa construction dura pendant 11 ans, ce qui coûta beaucoup de travail, de peine et d’argent. D’ailleurs, la lourde imposition sur les paysans pour financer la construction causa son impopularité persistante. Malgré sa dimension plus modeste par rapport à celle des autres tombeaux, le tombeau de Khai Dinh est un ouvrage atypique, somptueux et plus sophistiqué avec des motifs minutieusement réalisés et un mélange de plusieurs styles architecturaux tels que indien, roman, gothique et bouddhiste. Les matériaux utilisés pour la construction étaient tous transportés de la France, de la Chine et du Japon. Ce qui est peut-être le plus frappant, c’est le contraste entre l’extérieur et l’intérieur du tombeau.

Le palais Thien Dinh dans l'un des tombeaux impériaux de Hué

Malgré son aspect extérieur sombre en pierre sophistiquement sculpté, l’intérieur vous étonnera par une opulence des décorations mosaïques de couleurs vives avec des morceaux de verre et porcelaine, des peintures murales incrustées d’or. Le plafond du palais de Thien Dinh fut décoré de trois fresques de grande subtilité, en céramique et en verre « Neuf dragons cachés derrières des nuages », sont considérés comme les peintures les plus précieuses du Vietnam. Cette édifice, le dernier tombeau de la dynastie de Nguyen marque la phase terminale de la dernière dynastie féodale et l’indépendance nationale. Il se trouve à 10km du centre-ville.

Ticket d’entrée : 100.000VND/adulte et 20.000VND/enfant de 7-12 ans

La ville de Hué et ses environs regorgent de vestiges du passé et offrent un grand choix de visites pour les amoureux d’Histoire. Chacun de ces temples dispose d’un vrai intérêt, chaque voyageur y trouvera un aspect qui le touche particulièrement. Maintenant que vous avez toutes les clés en main, il ne reste plus qu’à choisir les tombeaux impériaux qui vous souhaitez découvrir !

Et pour découvrir toute la beauté impériale de Hué :
>>> Un cours de cuisine impériale à Hué
>>> Une grande traversée du Vietnam en 15 jours
>>> Découvrir le Vietnam en famille

 

Le festival de Hué : Célébrer la culture du Vietnam et du monde

Découvrez la culture vietnamienne au festival de Hué

Cette fête est principalement axée sur le “ Patrimoine culturel, intégration et développement”  avec un sujet différent à chaque édition. Elle permet de sensibiliser les voyageurs et les locaux à des sujets particuliers. Le festival est l’occasion de développer l’économie de Hué, de découvrir la culture du Vietnam, mais aussi de rencontrer de nombreuses nationalités provenant de différents continents.

Découvrez l’histoire de ce festival majeur au Vietnam, ainsi que les nombreuses activités qui y seront présentées pour la prochaine édition 2020.

 

Le festival de Hué : de son commencement jusqu’à aujourd’hui 

Suite au succès du festival Franco-Vietnamien, le festival de Hué fait son apparition en 2000. Cet évènement valorise et perpétue les traditions culturelles et spirituelles de l’ancienne capitale du pays. Mais, il permet aussi à la population de découvrir d’autres cultures.

En 1992, après le festival franco-vietnamien, le comité de la province de Thua Thiên Huê a eu l’idée d’organiser le festival de Hué. A lieu alors, la première édition en 2000 avec la coopération de la France.

Le festival de Hué en 2000

 

La création du festival de Hué

Pour organiser le festival de Hué, la ville avait déjà plusieurs atouts qui allaient faciliter la popularité de cet évènement. Etant donné qu’il s’agit de l’ancienne capitale du Vietnam, on y trouve la cité impériale offrant ainsi une architecture originale, un patrimoine artistique, des fêtes & des cérémonies variées, de beaux paysages et un mode de vie original.

>>> Notre article sur la citadelle impériale de Hué

Un petit aperçu de la cité impériale de Hué

Malheureusement, tout n’était pas gagné pour mettre en place cet évènement. Au départ la province avait de faibles ressources financières et humaines, une pénurie de spécialiste dans les domaines de l’art, la culture où encore le tourisme et les relations extérieurs. Il y avait aussi un manque d’expérience dans l’organisation de festivals chez les autorités et chez les responsables des services provinciaux et enfin de grosses inondations qui ont touché l’ensemble du pays en 1999.

Le premier Festival de Hué a accueilli environs 30 troupes d’artistes Vietnamiens et Français pour plus de 410 000 visiteurs, un début prometteur. Aujourd’hui, c’est un évènement culturel et artistique majeur pour une cinquantaine de pays.

Que faire pendant le festival de Hué ?

Le festival de Hué sensibilise les voyageurs ainsi que les locaux à des sujets particuliers. Afin que cette sensibilisation soit réussie le festival propose de nombreuses activités ludiques : chants, danses, artisanats, expositions photos, spectacles, séminaires, défilés, courses de sampans et salons de cuisine.

 

Activités du festival de Hué

 

Chaque année le festival a un thème différent. En 2018, le thème était “ Hué- une destination pour cinq patrimoines mondiaux”. En 2020, du 1er au 5 avril se tiendra le festival de Hué avec pour thème “Hué- toujours nouveau”

Pour cette édition, il y aura plus de 20 pays différents provenant de 5 continents (République de Corée, Chine, France, Belgique, Hongrie, Chili, Etats-Unis, Australie, Égypte, Pologne,…), la France restant le partenaire majeur. Pour représenter le Vietnam, il y aura des troupes provenant de Hanoï, Hué et Ho Chi Minh.

 

Les activités traditionnelles du festival

Les animations seront orientées sur le thème des formes d’arts traditionnelles et contemporaines ainsi que sur des activités communautaires de haut niveau. Le festival se déroulera sur trois zones. La première dans le Grand Hanoï où seront les troupes d’arts de niveau national et international. La deuxième et la troisième zone, seront dans la rivière des Parfums ainsi qu’au An Dinh Palace, scène musicale vivante et contemporaine pour les jeunes.

 

Les superbes décors du festival de HuéUne idées du programme pour 2020 :

01/04 à 20h00 

Ouverture d’art : respect des valeurs culturelles, traditionnelles et contemporaines de l’ancienne capitale.

02/04 au 06/04 à 16h30

Festival de rue : “Couleurs culturelle”

03/04 à 20h00

Civilisation de la capitale

03/04 à 20h00 

Littérature culturelle : recréer la quintessence (l’essentiel) de l’histoire de la culture nationale avec les chefs-d’oeuvre de l’art royal de Hué 

05/04 à 20h00

Trinh Cong Son Music : histoire sur l’amour et la vie du musicien

01/04 au 06/04

Capitale culinaire 

04/04 à 20h00 

Festival Ao Dai : mode du sud, le costume traditionnel des femmes vietnamiennes.

06/04 à 20h00

Programme artistique de fermeture

>>> Goûter à la cuisine impérial de Hué

>>> Prendre un cours de cuisine à Hué avec des enfants

>>> Découverte de l’histoire du Vietnam à la cité impériale de Hué

 

Les arts martiaux vietnamiens

Les arts martiaux vietnamiens, plus qu’un sport, un style de vie

Les arts martiaux sont un véritable patrimoine culturel au Vietnam. Au travers de l’histoire, on retrouve de nombreux styles d’arts martiaux créés par les Vietnamiens ou introduits dans le pays, qui se sont au fil du temps adaptés à la culture, la philosophie et la morphologie des locaux. Ils sont constitués d’une multitude de techniques de combat, de pratiques et de styles, développés au Vietnam au fil des années. Les arts martiaux traditionnels vietnamiens sont étroitement liés à l’histoire du pays. Les pratiquer permet de mieux appréhender l’histoire nationale, la culture et la mentalité de tout un peuple.

Les arts martiaux au cours de l’histoire du Vietnam

Le Vo Thuat de sa naissance à son apogée

Les invasions mongoles au VietnamLa tradition des arts martiaux ou Vo Thuat telle qu’elle existe aujourd’hui est une compilation de milliers d’années de pratique et d’innovations. Sur les anciens bronzes de Dong Son on retrouve l’existence de techniques guerrières pratiquées par les anciens Vietnamiens dès la préhistoire en utilisant des armes simples. Ces techniques commencèrent à s’affiner et à se développer pendant la dynastie des Hung Vuong (entre 2879 et 258 av. J-C). Il est supposé que les arts martiaux vietnamiens aient été créés durant cette période en se basant sur l’apprentissage des techniques d’armes simples comme la hache, le poignard ou l’arc.

1000 ans après la première occupation chinoise (de 111 av. J-C à 938 de notre ère), le Vo Thuat absorba des vagues d’influences chinoises et indiennes. Ses techniques atteignirent un haut niveau et sa pratique reposa sur un esprit empreint des principes de trois courants philosophiques : taoïsme, confucianisme et bouddhisme. La pratique des arts martiaux permettait d’obtenir une bonne force physique et un grand calme mental. Lors de la dynastie Tran (de 1225 à 1400), les arts martiaux étaient à leur apogée et les techniques martiales vietnamiennes reçurent un éclat particulier et connurent une forte réputation. En effet, il s’agissait d’un véritable « âge d’or » des arts martiaux vietnamiens où de nombreuses écoles n’était pas réservées uniquement aux nobles et aux militaires mais aussi aux classes populaires. Des maîtres de la pratique martiale se réunissaient pour former l’ossature de l’armée populaire du Vietnam, qui vainquit par la suite trois fois la puissante armée de l’Empire Mongol. Malheureusement, cet essor dura jusqu’à la fin de cette dynastie puis s’effondra.

 

Répartition géographique et chute du Vo Thuat

L'armée Tay Son du VietnamLe Vietnam a ensuite connu les vicissitudes de l’histoire, de la deuxième occupation chinoise au XVe siècle à la libération, puis la guerre civile continuelle entre le nord et le sud du XVIe jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. Les pratiques martiales se séparèrent en plusieurs courants ennemis selon le soutien apporté à l’une ou l’autre dynastie. Il existait ainsi une différenciation de plus en plus forte entre les pratiques, suivant leur implantation géographique, amenant à la création de styles bien spécifiques. Enfin, les armées Tay Son, conduits par Nguyen Hue, grâce à leur pratique martiale intelligemment utilisée, parvinrent à réunifier le pays. Le Vo Thuat retrouva sa valeur éducative pour l’individu en renforçant la composante philosophique et morale et en respectant un code d’honneur et de conduite strict. À cette époque apparurent des groupes très particuliers qui protégeaient secrètement les riches et les mandarins en maîtrisant les arts martiaux de haut niveau et leur permettant de s’introduire sans bruit en se fondant dans la nuit.

Le Vo Thuat se développait ensuite sous différentes formes lors de la forte extension territoriale du pays en direction du sud entre XVIIe et XIXe siècle. Durant l’occupation coloniale, les arts martiaux n’ont pas aidé les Vietnamiens à vaincre les Français, forts de leur puissance mécanique. De nombreux pratiquants n’hésitèrent pas à affronter les armes à feu avec leurs seules armes naturelles et trouvèrent ainsi la mort lors de ces combats. Le Vo Thuat se réfugia dans l’ombre durant la période de la colonisation et ne fut réhabilité que récemment.

Les écoles principales des arts martiaux vietnamiens

En se basant sur les courants historiques du Vietnam, les arts martiaux traditionnels ont pu être divisés en 5 écoles principales, ou « môn phai » en vietnamien. L’influence chinoise de plus de mille ans apporta les styles martiaux chinois, qui ont originellement été transmis aux Vietnamiens tout en conservant leur nom. Ceux-ci furent quelques peu modifiés pour s’adapter à la culture vietnamienne et au physique de la population locale. D’ailleurs, au fils des années, les arts martiaux vietnamiens ont suscité l’intérêt des étrangers dans de nombreux pays, notamment en Europe. La France est considérée comme l’un des pays majeurs à avoir reçu l’influence des arts martiaux vietnamiens, avec un grand nombre de styles pratiqués, à savoir 22, pour environ 30.000 fidèles. Mais dans cet article, nous nous concentrons sur les trois écoles originaires, principalement pratiquées de nos jours au Vietnam.

 

L’école d’arts martiaux de Bac Ha

Le nord du Viet Nam était considéré comme le berceau des arts martiaux vietnamiens étant donné que de nombreux concours martiaux de haut-niveau se déroulaient au cœur des cours féodales. Les groupes principaux de l’école Bac Ha se composent de :

  • La lutte libre

La lutte libre, l'un des arts martiaux du Vietnam

La lutte libre était et est particulièrement populaire dans les régions septentrionales et durant les festivals des villages. Les populations les organisaient à la fois pour se divertir mais aussi perfectionner leur esprit martial, leur discipline et leur capacité à protéger leur village et leur pays des invasions. Le catch de Lieu Doi est le plus renommé et a lieu annuellement au village de Lieu Doi dans la province de Ha Nam.

  • Le Vovinam, l'un des arts martiaux du VietnamLe Nhat Nam 

Il est originaire des provinces de Thanh Hoa et de Nghe An et connaît la plus longue histoire parmi les formes d’arts martiaux vietnamiens. De nombreux héros qui étaient originaires de ces régions ont mené des insurrections durant la première occupation chinoise. Les trois batailles face aux envahisseurs Mongols furent remportées grâce aux 100.000 soldats qui venaient de ces provinces.

  • Le Nam Hong Son 

Le Nam Hong Son fut fondé par Maître Nguyen Van To qui s’est formé aux arts martiaux traditionnels à la cour de la dynastie des Nguyen. Il apprit ensuite les techniques des écoles chinoises et les emprunta pour perfectionner la sienne. Ainsi, le Nam Hong Son est une combinaison flexible des traditions d’arts martiaux chinois et vietnamiens.

  • Viet Vo Dao (Vovinam)

Il fut fondé en 1936 par Maître Nguyen Loc dans le but de fournir aux pratiquants une méthode efficace de légitime défense et de révolution de l’esprit. Cette école constitue la plus grande et la plus développée au Vietnam et à l’étranger avec de nombreux étudiants dans plus de 60 pays dans le monde. Nguyen Loc pensait que les arts martiaux contribueraient à libérer le Vietnam, qui était gouverné à l’époque par la France, de toute domination extérieure. Il synthétisa les styles chinois de kung-fu, de sa propre connaissance des arts martiaux traditionnels vietnamiens et des éléments d’arts martiaux japonais et coréens en une pratique unique, le Vovinam.

 

L’école d’arts maritaux de Binh Dinh

Comme son nom l’indique, cette école provient de la province de Binh Dinh au centre du Vietnam, où éclata la rébellion Tay Son, considérée comme l’une des plus grandes guerres durant la période féodale du Vietnam. Il s’agit du lieu de naissance du général Nguyen Hue (par la suite le roi Quang Trung de la dynastie de Tay Son), de ses frères et de la plupart des soldats participant à la rébellion. Ils se sont formés aux pratiques martiales des maîtres célèbres venant du nord du Vietnam et de Chine qui s’étaient installé depuis le XVe siècle à Binh Dinh pour former la population locale aux arts martiaux.

Les arts martiaux de l'école de Binh Dinh

À la fin du XVIIIe siècle, les maîtres fondèrent à Binh Dinh une école originale et puissante consacrée aux arts martiaux Tay Son. Ceux-ci synthétisèrent les formes et les techniques de l’école Binh Dinh avec des techniques de combat. Leur devise principale est « Tout d’abord, fort. Puis, rapide. Et enfin, habile » souligne l’importance de la force, de la vitesse et de la dextérité. D’ailleurs, l’école de Binh Dinh se compose de nombreux styles pratiqués avec ou sans armes. Parmi lesquels, le style du village Thuan Truyen est célèbre pour sa pratique des armes tandis que celui du village d’An Vinh est réputé pour sa pratique sans armes. Ce dernier, avec son travail de la vitesse, est convient davantage aux femmes. Par contre, le style du village d’An Thai, utilise davantage la puissance, il est donc plus approprié aux hommes.

 

L’école d’arts martiaux du sud du Vietnam

La plus forte expansion territoriale vers le sud s’est déroulé durant le XVIIe siècle, au moment où a eut lieu la guerre civile et la division territoriale entre le nord et le sud. Les seigneurs Nguyen, occupant le centre-sud, étendirent leur territoire vers le sud et y déplacèrent les habitants des zones centrales pour défricher la terre vierge du delta de Mékong. Ils y déportèrent également des criminels. Afin de s’adapter aux conditions spécifiques du sud, se protéger contre les animaux sauvages et défricher les nouvelles terres arables, ces personnes ont appris à maîtriser des techniques défensives.

L'école d'arts martiaux du sud du Vietnam

À la fin du XVIIIe siècle, après avoir été vaincus par les armées Tay Son, les restes de l’armée Nguyen ont fui vers le sud pour se grouper dans la région de Dong Nai, Là, ils ont recruté des maîtres d’arts martiaux et formèrent les habitants aux pratiques martiales pour créer une nouvelle armée de vengeance. Après la fondation des Nguyen en 1802, de nombreux habitants de cette région passèrent les examens en arts martiaux et eurent une longue carrière militaire. Il existe des styles martiaux célèbres de la région méridionale tels que le Tan Khanh – Ba Tra, le That Son Quyen pratiqué par des moines, le Yin-Yang et le Kim Ke.

Les concours internationaux d'arts martiaux

De nos jours, le Vo Thuat est largement pratiqué dans tout le pays en permettant de fortifier le corps autant que l’esprit, de mieux faire face aux difficultés de la vie. Les concours des arts martiaux sont organisés pour préserver ce trésor, rendre hommage aux ancêtres, tout en cherchant à promouvoir l’identité culturelle vietnamienne au monde entier. Le Vovinam et certains autres arts maritaux sont introduits en tant que sports officiels aux Jeux d’Asie du Sud-Est et dans les événements sportifs régionaux et internationaux.

 

Et pour découvrir les arts martiaux vietnamiens sur place :
>>> La grande traversée du Vietnam
>>> Le Vietnam : Une mosaïque de cultures
>>> Une découverte du Vietnam en famille

 

7 parcs naturels à découvrir au Vietnam

Le Vietnam, à découvrir à travers ses parcs naturels

C’est bien connu, le Vietnam est un pays qui a été gâté par la nature. Du nord au sud, le pays mesure près de 2000 km, pour environ 3260km de côtes. Bref, cette géographie offre au pays une variété de paysages, de faune, de flore tout à fait exceptionnelle. Au Vietnam, on trouve de tout, de la montagne, de la jungle, des forêts de pins, des marais et bien plus ! Alors le plus simple pour découvrir tout cette biodiversité et cette variété de paysages, c’est de visiter le Vietnam à travers ses parcs naturels. Et puisqu’il faut bien faire une petite sélection, nous vous avons sélectionné 7 parcs. Il ne s’agit pas d’une liste parfaite, ni d’un top, il vous suffira simplement de faire votre choix ou même d’en ajouter à notre petite liste !

#1 Le parc naturel de Ba Be

Le parc naturel de Ba Be

Le parc naturel de Ba Be est situé au nord du Vietnam, on y trouve notamment le plus grand lac naturel du pays, formé il y a près de 200 millions d’années. Les falaises calcaires et la forêt primaire qui l’entoure, en font un lieu à part entière pour profiter de quelques jours au calme et de baignades pour se rafraîchir lors des fortes chaleurs. Le parc naturel de Ba Be se situe à environ 230km de Hanoï soit environ 5 heures de route.

 

#2 Le parc naturel de Phong Nha

Les paysages de Phong Nha Ke Bang

Phong Nha est sans aucun doute la perle du Vietnam. Ce parc situé dans le centre du pays est notamment connu pour ses superbes grottes, dont la grotte de Son Doong, l’une des plus grandes au monde. Phong Nha et son réseau de grottes de plus de 126km sont classés au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2011. Les amoureux de treks, de camping sauvage et de voyages d’aventure seront tout simplement comblés par ce parc !

 

#3 Pu Luong

Le parc naturel de Pu Luong

Le parc naturel de Pu Luong ou plutôt la réserve naturelle de Pu Luong est un diamant brut. Bien que son nom commence à faire écho et que les éco lodges commencent à fleurir dans la région, Pu Luong est l’un de ces endroits où l’on peut encore découvrir un Vietnam authentique. Les ethnies Thaï et Muong habitent cette région et cultivent les rizières en terrasse dans la vallée. Situé à moins de 4h de route, il s’agit d’un choix parfait pour ceux qui n’ont pas le temps de voyager dans l’extrême nord mais qui souhaitent tout de même profiter d’une nuit chez l’habitant et d’un trek au coeur de la campagne vietnamienne.

 

#4 Cat Ba

Les environs de Cat Ba

Le parc naturel de Cat Ba se situe à quelques kilomètres de la fameuse baie d’Halong. Cat Ba est en fait une île, la plus grande île des milliers d’îles que compte la baie. Au-delà de sa beauté naturelle et de sa biodiversité, ce parc naturel est aussi unique pour son histoire. En effet, Cat Ba a toujours été un point stratégique, ainsi il existe de nombreux vestiges dont le fort du canon qui offre un incroyable point de vue sur les environs de Cat Ba. Ses habitants et leur mode de vie est aussi une curiosité du parc, notamment les villages flottants de pêcheurs.

 

#5 Le parc naturel de Bach Ma

Un panorama sur le parc naturel de Bach Ma

Le parc naturel de Bach Ma est situé à quelques kilomètres de Hué. On connaît la valeur naturelle de Bach Ma depuis bien longtemps. En effet, le parc est protégé sous différents statuts depuis 1937, année à laquelle il est devenu une station climatique de l’administration coloniale française installée à Da Nang (anciennement connue sous le nom de Tourane). Le parc naturel de Bach abrite de nombreuses espèces animales dont des primates et cervidés et végétales (on en compte près de 1400).

 

#6 Cuc Phuong

Une vue sur Cuc Phuong

Cuc Phuong est le premier parc nommé en tant que parc national par Ho-Chi-Minh lui-même en 1962. Le président déclarait alors “La forêt est de l’or”. Cette citation prend tout son sens pour le parc de Cuc Phuong, on y trouve des macaques, des gibbons, des loris, des porcs-épics et on dit même qu’il existerait encore des léopards dans le parc. Bref, Cuc Phuong est de l’or et ce parc naturel est largement sous-estimé ! Et cerise sur le gâteau, il n’est qu’à un peu plus de 2h de Hanoi !

 

#7 Le parc naturel Cat Tien

Une aventure dans le parc naturel de Cat Tien

Le parc naturel de Cat Tien est situé au sud du Vietnam, à environ 150km de Ho-Chi-Minh-Ville. On y trouve l’une des plus grandes forêts tropicales du Vietnam, mais on y trouve aussi une superbe forêt de bambous. À la différence des autres parcs mentionnés ci-dessus, le parc naturel de Cat Tien est plus tropical. Parmi les animaux que l’on peut croiser, on trouve des crocodiles, des primates, des pythons et même… Des panthères nébuleuses !

 

Et si l’envie vous prend de découvrir l’un de ces parcs naturels, découvrez toutes nos aventures à travers le Vietnam sur notre site Carnets d’Asie

Le cha ruoi, une spécialité incontournable de l'automne à Hanoi

Hanoi au mois de septembre revêt charme et romantisme. Les légères brises, la chute de feuilles jaunes, l’odeur envoûtante des fleurs d’alstonia anticipent l’approche de l’automne, et donc la saison d’un met unique de Hanoi : l’omelette aux vers, ou cha ruoi en vietnamien.

Le cha ruoi, un plat à base de vers de Hanoi

Le mythique ingrédient du Cha ruoi

À première vue, le chả rươi ressemble à une omelette typique ou à une sorte de pancake, cependant, son ingrédient principal est la néréide, appelée rươi en vietnamien. Cette sorte de ver, qui appartient à la famille de vers polychètes, vit au fond des eaux saumâtres des basses plaines du nord du Vietnam. Bien qu’ils vivent uniquement dans des petites rivières, des étangs, des champs de riz ou des chenaux, les paysans qui récoltent le riz depuis des siècles ne savent pas d’où ils viennent ni comment ils se reproduisent. Les néréides n’apparaissent qu’en automne, en dehors de cette saison, personne ne peut trouver le moindre signe de la présence de ces vers. Ainsi, sa capture devient un véritable jeu de cache-cache.

Le cha ruoi que l'on pourrait confondre avec une omelette

En effet, la seule chose que l’on sait, c’est que ces vers ont la mystérieuse habitude d’apparaître et de flotter densément sur la surface de l’eau à certains jours du cycle de la lune. Ils apparaissent généralement à partir du mois de septembre et bat son plein entre octobre et novembre, correspondant aux neuvième et dixième mois du calendrier lunaire. Il existe un vieux dicton vietnamien qui dit : « Le vingtième jour du neuvième mois, le cinquième jour du dixième mois » faisant référence aux moments exacts de l’année où on peut prévoir l’apparition des vers.

Les néreides, vers d'eau douce utilisés pour le cha ruoi

Selon l’expérience de la population locale, les néréides flottent en masse dans les derniers jours, les premiers jours ou le jour de la pleine lune de ces mois. Généralement, elles restent à la surface entre 1 et 2 heures du matin dans les derniers jours et de 19 à 20 heures pendant la pleine lune. Sa courte saison constitue donc la raison pour laquelle les Hanoiens considèrent le chả rươi comme un cadeau précieux de la nature.

>>>Et pour découvrir d’autres curiosités de la cuisine vietnamienne c’est par ici

Cha ruoi, une délicatesse automnale de Hanoi

En plus de sa rareté, sa saveur irrésistible est ce qui rend le chả rươi unique. Les vers doivent être préparés d’une certaine manière, sinon leur odeur serait désagréable. Une fois cuisinés, ils ont un goût gras, sucré, croquant et parfaitement délicieux. Avant cela, les néréides vivantes doivent être lavées soigneusement dans l’eau chaude et toutes leurs minuscules coquilles doivent être retirées pour éliminer les odeurs. Cette étape peut faire perdre l’envie à ceux qui ne sont pas habitués, la faute sans doute à ces milliers de vers d’une couleur peu engageante et peu appétissante s’agitant en masse dans le bassin.

Les ingrédients pour la préparation de l'omelette aux vers

Après le nettoyage, ils sont mélangés avec du porc haché, des œufs, des oignons, de l’aneth et des zestes de mandarine séchés dans un bol. Ce dernier ingrédient est un remède traditionnel, ici utilisé pour améliorer la saveur, l’équilibre du plat et faciliter sa digestion. On ajoute ensuite la sauce de poisson et on mélange jusqu’à ce que le pâté soit collant et souple. Puis les petits morceaux sont façonnés et frit lentement à feu doux dans une grande poêle.

Le cha ruoi, servi avec ses légumes, ses vermicelles et sa sauce poisson

Une fois l’omelette dorée, on la sort de la poêle et on la sert encore chaude dans une assiette avec un peu de poivre. Cependant, le plat sera incomplet s’il n’est pas accompagné de vermicelles de riz, de légumes frais et de sauce à tremper. Ce dernier accompagnement indispensable se compose de sauce de poisson, d’eau, de vinaigre et de sucre, auxquels on ajoute de la salade de papaye. L’omelette aux néréides est parfumée, croquante à l’extérieur, tendre et grasse à l’intérieur et surtout très nourrissante. Il s’agit sans aucun doute d’une composante-clé de la gastronomie capitale.

Les meilleurs adresses pour déguster l’omelette aux vers

Bien que les néréides soient trouvés principalement dans les régions campagnardes, les plats concoctés à base de ces vers étaient principalement servis à Hanoi en raison de leur rareté et de leur coût inabordable. Aujourd’hui, elles sont omniprésentes dans plusieurs régions au nord, mais on ne trouve le goût authentique du cha ruoi que dans la capitale, notamment autour du Vieux-Quartier. Notamment dans ces 6 restaurants servant les meilleures omelettes aux vers de Hanoi :

  • Chả rươi Gia Ngư – 25 Gia Ngư, district Hoan Kiem
  • Hung Thinh – 1 Hang Chieu, district de Hoan Kiem (près de la porte d’O Quan Chuong)
  • Hang Beo – 244 Lo Duc, district Hai Ba Trung
  • 19 Hoe Nhai, district Ba Dinh (près de la pente de Hoe Nhai)
  • Sua Bien – 16B Duong Thanh, district Hoan Kiem
  • Yen – 5B O Quan Chuong, district Hoan Kiem

Envie de vous essayer au cha ruoi et de découvrir Hanoi en automne ?

>>> Une grande traversée du Vietnam en 15 jours

>>> Hanoi – Saigon : d’une capitale à l’autre

>>> De Hanoi à Sa Pa en moto

La fête des fantômes au Vietnam

Au septième mois lunaire, on fête les fantômes au Vietnam

Halloween ne dure qu’une seule nuit dans la culture occidentale, mais dans certains pays asiatiques, y compris le Vietnam, les fantômes parcourent la Terre au long du septième mois du calendrier lunaire. En effet, on croit que les portes de l’enfer sont ouvertes au premier jour de ce mois. Les esprits malfaisants émergent pour hanter les vivants tandis que les esprits bienveillants rendent visite à leurs familles pour des festins. En 2019, le septième mois lunaire débute le 1er août du calendrier grégorien. Après deux semaines d’errance sur Terre, les fantômes sont lassés et avides, il est donc particulièrement important de les garder apaisés. C’est le quinzième jour du mois, soit le 15 août que se déroule la fête des fantômes.

Les origines de la fête des fantômes

L'origine de la fête des morts au VietnamLes origines de la fête des fantômes est incertaine mais les gens croient qu’elle a pris racine il y a de plus de 2000 ans. Il agit d’un festival traditionnel pratiqué dans la plupart des pays asiatiques, influencés par le Bouddhisme et la pensée taoïste. Selon la légende du taoïsme, la fête tombe le jour de l’anniversaire du seigneur Qingxu, l’officiel céleste de la Terre. Cette divinité est responsable de juger les actes de vivants et de se décider s’il faut apporter de la fortune à la personne digne. Il peut également pardonner des fautes à ceux qui ont mal agi. Dans le bouddhisme, le festival est associé à Mulian (ou Maudgalyayana), un disciple de Bouddha. On raconte qu’il organisa une cérémonie le 15e jour du septième mois lunaire en priant le soulagement de l’esprit de sa mère, qui avait fait des actes malfaisants dans sa vie antérieure.

Le septième mois lunaire, un mois pour les défunts

Selon la conception bouddhiste, les personnes coupables seront emmenées en enfer après leur mort pour racheter les fautes qu’elles ont commis de leur vivant. Au Vietnam, ainsi que dans les autres pays asiatiques, c’est lors du septième mois lunaire que la porte des spectres s’ouvre au début du mois pour laisser sortir de l’enfer les âmes délaissées et les fantômes solitaires en quête, de nourriture et de leur repos éternel. D’ailleurs, il existe des esprits rampants qui n’appartient ni à ce monde ni au monde de l’au-delà. Ces esprits peuvent être décédés de mort violente ou des disparus dont le corps n’a pas été retrouvé. Ils sont probablement abandonnés par leurs familles qui ne pratiquent plus le culte des défunts. Par conséquent, ils n’ont pas trouvé de lieu de repos et ne peuvent pas rentrer dans la roue des incarnations. Ou encore, les plus craints, les esprits souffrants qui ont été maltraités durant leur vivant, dérangeront les vivants en cherchant à assouvir leur vengeance. Enfin, ces esprits sont obligés de retourner en enfer lorsque la porte de l’enfer se ferme le 30e jour au grand soulagement des vivants.

Le jugement du roi de l'enfer

À l’occasion de la pleine lune du septième mois lunaire se déroulent deux fêtes importantes pour les Vietnamiens, chacune concernant le culte des esprits mais leurs significations sont nettement différentes. Influencée par le Bouddhisme, la fête des fantômes coïncide avec la fête de Vu Lan, la translittération vietnamienne d’Ullambana. Se déroulant le même jour et appelée généralement par un nom commun « La pleine lune du septième mois lunaire », ou Răm thang bay, ces deux fêtes se confondent souvent dans leurs légendes et leurs rituels.

La fête des fantômes ou la fête du pardon des trépassés

Le repas végétalien lors de la fête des fantômes au Vietnam

Comme son nom l’indique, la fête des fantômes est dédiée aux trépassés. Les Vietnamiens préparent toujours deux festins copieux au cours de la journée. L’un est déposé sur l’autel afin de rendre hommage aux esprits des proches et des ancêtres. L’autre destiné aux âmes errantes est mis devant la maison ou sur les trottoirs. Les repas sont végétariens avec du riz, du porridge, des fruits, des bonbons, des bâtons d’encens pour régaler leurs sens et des bougies pour les guider dans l’obscurité.

Supposés être représentés avec un long cou mince et un énorme ventre, punition pour leurs graves péchés commis lors de leur vivant, les esprits malfaisants sont toujours affamés et assoiffés. C’est pourquoi les vivants, pris, leur font des offrandes et les invitent à venir festoyer pour les sauver de la souffrance. De plus, cela peut aider à leur réincarnation et empêcher les esprits coupables de faire plus de mal aux vivants. Ainsi, ces âmes seront pardonnées et retrouveront un jour leur forme humaine. Après le culte, on leur brûle de la monnaie de papier, suffisamment pour subvenir à leurs besoins de l’année et même parfois leur envoient par le même procédé un moyen de transport pour leur retour aux enfers.

La fête de Vu Lan ou la fête des parents

La pagode lors de la fête des fantômesLa fête de Vu Lan, quant à elle, est une occasion où les enfants montrent leur gratitude et leur piété filiale à leurs parents. Son origine est liée à la légende bouddhiste que nous avons mentionné au-dessus, l’histoire de Mulian. L’un des disciples les plus proches de Bouddha, Mulian avait atteint l’illumination. Il eut une vision de sa mère souffrant en tant que fantôme affamé. Avec ses pouvoirs, Mulian fournit un bol de riz à sa mère. Cependant lorsque la nourriture atteignit ses mains, elle s’est enflammée et fut transformée en charbon de bois. Attristé, Mulian alla demander conseil à Bouddha.

À ce propos, Bouddha lui dit que sa mère subit des punitions pour avoir été malfaisante dans sa vie passée. Pour la sauver de la souffrance, Mulian et d’autres moines prièrent et offrirent volontairement de la nourriture à la communauté bouddhiste chaque pleine lune du septième mois lunaire. Les prières étaient considérées comme plus efficaces lorsqu’il s’agissait d’un effort collectif. Ayant obtenu ses mérites, accumulés par les prières, sa mère obtint finalement la libération.

En ce jour, les gens vont prier à la pagode dans le but de souhaiter la bonne chance et la santé à leurs parents. Pendant la cérémonie, les participants portent une rose sur la poitrine qui leur rappelle la gratitude et l’appréciation. Les roses rouges sont destinées aux parents qui vivent tandis que les blanches servent uniquement à ceux dont les parents sont décédés. À cette occasion, les rivières sont également éclairées par des centaines de lanternes flottantes en papier, notamment dans la ville de Hoi An. Durant le jour de pleine lune où la ville éteint ses lumières et stoppe la circulation automobile pour se transformer en une vieille ville illuminée uniquement par la lueur des chandelles, on lâche des lanternes lumineuses sur les rivières en priant les grâces pour les esprits et les meilleures choses pour la famille et les proches.

>>> Pour en apprendre plus sur Hoi An, ses incontournables, quand partir, quoi manger, c’est par ici

La fête des fantômes à Hoi An

Ces deux événements sont célébrés le même jour de la pleine lune du septième mois lunaire mais la fête des fantômes est généralement préférée au Nord alors que la fête de Vu Lan domine dans le sud. Ils sont un beau trait culturel asiatique rappelant la pitié filiale, la grâce et la charité.

Un moment à découvrir et à partager avec les Vietnamiens !

Et pour découvrir le Vietnam sous son plus beau jour :

>>> La grande traversée du Vietnam en 15 jours
>>> Le Vietnam, une mosaïque de cultures
>>> Une balade vietnamienne en famille

 

Le géoparc mondial de Dong Van

Le plateau karstique de Dong Van est une région montagneuse à la végétation luxuriante, sillonnée de rivières et de falaises abruptes dans la province de Ha Giang à l’extrême nord du Vietnam. Alors que les autres régions ont connu le développement économique et la vie moderne, dans cette région rurale, le temps semble ne pas avoir de prise. En effet, une vingtaine d’ethnies minoritaires vivent ensemble à l’écart des routes principales, dans des vallées couvertes de roches où les conditions de vie sont défavorables. Ainsi, les habitants ont conservé jusqu’à aujourd’hui leurs mode de vie en harmonie avec la nature et leurs caractéristiques culturelles transmises depuis leurs ancêtres. 

Culminant à 1600m d’altitude, le plateau karstique de Dong Van, couvre une superficie de 2350 kilomètres carrés et se situe sur quatre districts : Quan Ba, Yen Minh, Dong Van et Meo Vac. Ce paysage naturel de chaînes de montagnes calcaires géantes et noires résulte d’une longue histoire géologique et témoigne de l’évolution de la croûte terrestre pendant près de 600 millions d’années. Ainsi, le plateau karstique de Dong Van est reconnu par l’UNESCO comme 77e membre du réseau mondial de géoparcs (GGP). Il est devenu le premier géoparc mondial au Vietnam et le deuxième en Asie du Sud-Est.  

L’histoire du plateau karstique de Dong Van

Située sur la région frontalière, cette région fut aussi marquée par des événements historiques majeurs dont la résistance des peuples Hmong contre les envahisseurs. En effet, à partir du milieu du XVIIIe siècle, le plateau karstique de Dong Van devint la résidence de la communauté autonome Hmong. À la fin du XIXe siècle, les Français s’allièrent avec la dynastie Qing de Chine afin de s’emparer de la terre des locaux et installer leurs bases militaires.

Cependant, ils se heurtèrent à la résistance de la population locale. Les rébellions initiales ont été rapidement réprimées, mais la région est toujours restée opposée à l’influence des Français. Après une longue guerre, les Hmong et leur leader, Vuong Duc Chinh, contraignirent les Français à signer un traité de paix avec eux en 1913. Vuong Duc Chinh fut ensuite accepté comme roi et gérait donc la région autonome des Hmongs à Dong Van. Par la suite, il soutint Ho Chi Minh dans sa quête de l’indépendance vietnamienne. 

Pour en savoir plus sur la souveraineté du territoire vietnamien :

La tour du drapeau de Lung Cu, un symbole de la souveraineté du Vietnam 

Le palais royal du roi Hmong, situé dans la vallée de Sa Phin du district de Dong Van, fut transformé en site touristique en 1993. Cet édifice fut réalisé pendant 9 ans de 1898 à 1907 et considéré à l’époque comme une construction grandiose. Construit à partir de pierres et de bois précieux, avec des gravures sophistiquées, pour un prix de 150 millions de pièces d’argent d’Indochine et équivalant aujourd’hui à environ 5 700 000 euros. Il représentait alors le symbole de pouvoir, de richesse et de prospérité du roi. Après une longue période, le bâtiment a été partiellement détruit mais conserve toujours sa forme originale qu’il est possible de visiter pour se plonger dans l’histoire de la région.    

La culture sur les champs de pierres

Avec plus de 80% de sa superficie couverte de roches, le plateau karstique de Dong Van offre peu de place pour la production de ressources. En raison du manque de terres fertiles, la culture vivrière dans cette région stérile est plus limitée qu’ailleurs dans la province de Ha Giang. La terre rocheuse de Dong Van, offre donc peu de possibilité d’habitat. Pourtant, elle abrite aujourd’hui 17 groupes ethniques minoritaires. Mais ces ethnies ne manquent pas d’ingéniosité pour exploiter ce terrain.   

Malgré des conditions de vie extrêmement difficiles, les ethnies de cette région ont toujours gardé courage et optimisme et utilisent leur habileté et leur ingéniosité afin de surmonter cet environnement. En fait, les habitants de cette région ne pouvaient vivre que de la culture du maïs. Les locaux ont dû combler les trous dans la pierre sur les falaises avec de la terre fertile pour y planter du maïs et quelques légumes.

Cette technique agricole unique de culture sur des champs de pierre constitue le moyen de subsistance principal pour la plupart des populations locales depuis des milliers de générations. Par la suite, les locaux ont aussi utilisé des pierres pour construire des berges, qu’ils ont remplies de terre fertile afin de former des petits champs de riz. Malgré des conditions climatiques sévères dans le nord, les champs de roches construits existent depuis des millénaires et résistent parfaitement à l’érosion. 

Le plateau karstique de Dong Van, là où les pierres s’épanouissent

En plus du riz et du maïs, les habitants plantent des fleurs de sarrasin servant de source complémentaire de nourriture, pour la fabrication de gâteaux, d’alcools et de médicament traditionnel. Après la récolte du riz, d’octobre à novembre, les sarrasins fleurissent partout sur le flanc des montagnes rocheuses. Cette fleur de couleur rose et blanche s’adapte bien à ce terrain et est devenue un symbole du plateau karstique.

En effet, quand on mentionne la province de Ha Giang et les montagnes calcaires de Dong Van, on pense toujours aux vastes champs de sarrasin. Réputée comme « la fleur s’épanouissant sur les pierres », les fleurs de sarrasin couvrant les vallées et les falaises sont un magnifique spectacle naturel à ne pas manquer. Les meilleurs champs de sarrasin se trouvent généralement le long des routes sinueuses du plateau karstique, notamment sur la route vers Quan Ba, dans la vallée de Sung La et au pied du col de Ma Pi Leng. 

Les paysages à couper le souffle du plateau karstique de Dong Van

Pour vous rendre au plateau karstique de Dong Van, vous aurez notamment la chance de parcourir les routes en lacets le long de montagnes vertigineuses. Ces routes, reliant les quatre districts du géoparc portent le nom de « route du Bonheur ». Elle est notamment légendaire pour les travaux incroyables réalisés par les jeunes volontaires et la population locale de 1959 à 1965. En effet, il y a plus de 50 ans, cette région n’était accessible par aucun chemin praticable. Des millions de personnes se suspendaient sur les falaises rocheuses avec des houes, des pelles et des outils rudimentaires à la main pour construire une route dédiée à la communication entre le centre et les régions reculées. La nouvelle route a notamment permis d’acheminer de l’eau propre, de l’électricité, d’accéder à l’éducation et de fournir du travail aux villages pauvres de la région. Elle fut donc une bénédiction pour ces populations isolées. 

La route du Bonheur commence par « la Porte du Ciel » à Quan Ba avec la vue sur le panorama de la région montagneuse et notamment les collines jumelles. Reprise de la route sinueuse à travers les paysages de pierre jusqu’à la pente de Tham Ma, un véritable challenge pour les aventuriers. Située entre les districts de Yen Minh et Dong Van, c’est une pente à neufs virages consécutifs. La pente de Tham Ma, littéralement « l’évaluation du cheval », était utilisée comme son nom l’indique pour évaluer les chevaux. En effet, on utilisait autrefois le cheval pour transporter les marchandises. Les chevaux restant en bonne santé, après avoir parcouru cette pente raide et courbée, étaient gardés pour être élevés. Aujourd’hui, la pente n’est plus utilisée à l’évaluation de la puissance de cheval mais de la stabilité de conduite des motards ou des chauffeurs. 

Enfin, pour atteindre Meo Vac, le dernier district du géoparc, on doit passer le col de Ma Pi Leng, l’un des cols les plus hauts et dangereux du nord du Vietnam. Culminant à 2000m d’altitude, il s’agit du toit du plateau karstique de Dong Van offrant une vue spectaculaire sur les gorges du canyon de Tu San, le plus profond canyon d’Asie du Sud-Est. Coulant en contrebas des falaises rocheuses abruptes du canyon, la rivière d’eau émeraude Nho Que est semblable à une bande de tissu serpentant au cœur des montagnes verdoyantes. Il est possible de descendre au cœur du canyon pour rejoindre la rivière Nho Que et embarquer pour une descente en eau vive en admirant le paysage naturel grandiose des montagnes sous un autre angle.        

Entre nature et ethnies à Dong Van

Sur la route du Bonheur, il n’est pas rare de tomber sur des locaux qui marchent lentement en portant des hottes sur leur dos. Généralement, les habitants qui ne peuvent pas se permettre d’acheter de scooter, vont à pied au marché ou aux champs situés à environ une dizaine de kilomètres de chez eux. Ils vivent dans les maisons en bois perchées au milieu des montagnes ou regroupées en villages sur les sommets. Les sentiers étroits de la route principale nous mènent à ces petits villages ethniques nichés dans la montagne. 

Vivant dans un vaste jardin de pierres, les gens utilisent ce matériau naturel pour construire de jolies clôtures de roches séparant les habitations, les jardins et les enclos à bétail de différents clans et familles. Leurs maisons sont généralement construites d’argile malaxée avec de la paille hachée, appelées nha trinh tuong (maison en torchis). Les villageois disent que les maisons de ce genre restent chaudes en hiver et froides en été. D’ailleurs elles les protègent des tempêtes et des inondations en raison de la structure d’argile devenant plus solide lorsqu’elle est trempée dans l’eau. Les maisons en torchis aux toits recouverts de mousses peuvent durer jusqu’à une centaine d’années à travers de plusieurs générations.   

En plus de la culture, les habitants font des produits artisanaux pour gagner leur vie. Grâce à l’abondance des matériaux naturels, les habitants tissent eux-mêmes des outils nécessaires en bambou et des vêtements à partir de fils de lin ou de chanvre. À côté du gris du plateau calcaire, on est fasciné par les costumes traditionnels colorés des ethnies. Avec leur habileté et leur créativité, les femmes confectionnent de belles tenues décorées de motifs sophistiqués à l’aide de la technique du batik

Assister à la fabrication du batik dans le village de Lung Tam du district de Quan Ba :

L’art du batik : une traditions ancestrale de l’ethnie H’mong 

Les ethnies et leur culture intacte

Les locaux préservent leur identité culturelle et vivent toujours en harmonie avec la nature. Les régions montagneuses constituent un « paradis des enfants », on trouve des foules d’enfants partout. Les enfants, aux pieds nus et aux visages barbouillées, s’amusent souvent devant chez eux ou dans les champs. Ils sont curieux en voyant des étrangers et lorsque l’on les salue, ils sourient et nous agitent timidement leurs mains. Les enfants seront heureux de recevoir des bonbons, des outils d’apprentissage ou des vêtements comme un don des visiteurs.  

Comme eux, les adultes peuvent également être timides au premier abord avec des invités étrangers mais ils sont toujours accueillants et souriants. N’hésitez pas de boire un verre de l’alcool de riz avec eux, puisqu’il s’agit de leur manière d’accueil avec leurs invités. Malgré la pauvreté, les peuples sont honnêtes et optimistes. Malgré des conditions de vie défavorables dans cette région rocheuse, les germes de bonheur s’épanouissent sur les pierres : le vert des rizières en terrasse et des champs de maïs, la couleur des marchés ethniques, des costumes et des sourires des peuples ethniques. Voilà ce qui fait toute la richesse de Dong Van. 

Pour une immersion dans les paysages pittoresques du géoparc de Dong Van et la vie des ethnies minoritaires :

Découvrir la province de Ha Giang à moto 

À la rencontre de la population ethnique de Ha Giang